Une pathologie mal connue et mal vécue

Herpès labial : la reconnaissance des signes annonciateurs est capitale

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Publié le 30/09/2019
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La majorité des patients atteints d'un herpès labial récurrent ont une méconnaissance des symptômes. Résultats : ils se soignent eux-mêmes, trop tardivement, et ne sont pas satisfaits de leur traitement. L'étude nationale RP'S 2 019* propose d'observer les regards croisés des patients et des médecins généralistes (MG) sur cette pathologie stigmatisante.
herpes

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Crédit photo : phanie

En France, 4 personnes sur 10 connaissent un épisode d'herpès viral au moins une fois dans leur vie et 15 % souffrent d'un herpès labial récidivant. Ces épisodes de récidives ont des conséquences physiques, émotionnelles et sociales importantes.

Pourtant, l'herpès labial n'est pas un motif de consultation de première intention, les patients sollicitent un avis médical trop tardivement, alors qu'un traitement antiviral administré le plus tôt possible peut réduire la durée et l'intensité des crises, voire les prévenir. L'identification des facteurs déclenchants peut aider dans la prise en charge préventive, mais seulement la moitié des patients interrogés déclarent les connaître. Comme les MG de l'étude, ils identifient surtout le stress et la fatigue. L'exposition solaire, les soins dentaires, les infections et les règles menstruelles méritent d'être rappelés. D'après l'enquête, seulement 63 % des patients savent reconnaître les prodromes de la pathologie. Le picotement est le symptôme annonciateur le plus cité, y compris par les MG qui citent aussi la douleur (40 % versus 30 % des patients) ; gonflements, sensation de chaleur et de rougeur sont mentionnés dans une moindre mesure.

Une détresse psychologique

La moitié des personnes redoute de voir survenir une nouvelle crise et une sur deux exprime un niveau d'inquiétude élevé à très élevé face au risque de contaminer son entourage lors d'une crise. Cet état d'inquiétude est sous estimé par les MG qui, en revanche, reconnaissent l'existence d'une souffrance morale liée à un sentiment de stigmatisation. Elle est éprouvée par 44 % des patients et se manifeste par un sentiment de honte et de dévaluation de l'estime de soi. Les comportements adoptés sont à la hauteur du malaise ressenti : refus d'embrasser (59 %), dissimulation de la bouche (28 %).

Pour se soigner les patients adoptent en première ligne l'automédication avec des soins locaux, ou demandent les conseils du pharmacien. Seule une minorité consulte un médecin. Autre enseignement majeur de l'étude, peu de patients prennent un traitement préventif, contrairement à ce que pensent les MG. La majorité d'entre eux démarrent leur traitement au moment de la survenue des symptômes ou des signes annonciateurs. Ils ont principalement recours à une crème, alors que plus de la moitié des MG juge la voie systémique la plus adaptée. Ils considèrent que leurs patients attendent de leur traitement qu'il diminue le délai de cicatrisation, la durée des crises, le nombre et la taille des lésions et les récidives. L'innovation thérapeutique avec de nouvelles galéniques est un élément déterminant dans l'évolution des pratiques médicales (voir encadré).

D'après une conférence de presse de Vectans Pharma.
* Réalisée sur 300 patients et 366 médecins généralistes d'avril à juillet 2019.

Christine Nicolet

Source : Le Quotidien du Pharmacien: 3544