Opération « sourire » réussie pour la jeune Haïtienne

MISHARÉNA CONSERVE a retrouvé le sourire. Même si son visage reste encore gonflé après l’extraction de la tumeur qui s’était développée au niveau de sa mâchoire, elle sait que le plus dur est passé. « Je n’ai pas eu peur du tout », raconte la jeune fille, qui affirme avoir « toujours gardé la foi ». Pourtant, elle a causé une belle frayeur aux équipes médicales qui l’ont suivie. Un abcès qui restait dormant sous la tumeur a commencé à grossir et à percer après son arrivée en France. « S’il n’avait pas été soigné dans l’urgence, il aurait pu avoir des conséquences fatales », explique Patrick Angelvy, secrétaire général de PHI 94 et coordinateur national pour Haïti*. Misharéna a reçu un drain, ainsi qu’un traitement antibiotique, pour soigner son abcès. Les jours suivants, un infirmier est venu bénévolement, parfois jusqu’à plusieurs fois par jour, pour lui changer son pansement. Opérée pour sa tumeur le 24 septembre, Misharéna a ensuite passé deux semaines dans trois familles d’accueil différentes en Franche-Comté. Elle venait chaque matin à l’hôpital pour recevoir les soins nécessaires, avant d’être ramenée chez ses hôtes. Tous ont fait le maximum pour que la jeune fille passe un séjour aussi agréable que possible. « Ils ont été très gentils avec moi », confie-t-elle.

Chaîne de solidarité.

Patrick Angelvy souligne que, « la chaîne de solidarité qui s’est créée autour de Misharéna a aussi permis à des gens de se rencontrer. Certaines personnes ne faisaient que se croiser, ou ne correspondaient que par mail, alors qu’elles travaillaient dans le même hôpital. Grâce à Misha, elles ont pu faire connaissance ». Car de nombreuses personnes se sont mobilisées autour d’elle : l’association PHI, le chirurgien qui l’a opérée, ses équipes, les familles d’accueil, l’aumônier de l’hôpital, le personnel, des pharmaciens qui ont donné des médicaments ou vendu des cartes de vœux, etc. Des laboratoires ont également accepté de lui offrir les produits nécessaires à la suite de ses soins. MédicalZ lui a fait cadeau des pansements dont elle a besoin et Avène lui a donné les tubes de crèmes solaires qui lui seront indispensables avant toute exposition au soleil pour l’année à venir. La jeune fille doit encore manger de la bouillie et des aliments liquides pendant trois mois, mais cela ne semble pas la déranger. « Heureusement, j’aime bien la soupe », sourit-elle. Elle devra également passer une radio tous les trois mois, afin de vérifier que sa mâchoire se réossifie correctement. En attendant, Misharéna a profité de quelques jours à Paris pour faire du tourisme, en compagnie de Patrick Angelvy. « J’ai visité le Louvre, Notre-Dame, la Tour Eiffel, le Sacré-Cœur… », énumère-t-elle. Un peu fatiguée par les visites, elle était cependant ravie de découvrir la capitale. Vendredi dernier, Misharéna a repris l’avion pour rejoindre Haïti, sa maman, sa sœur, ses copines et… l’école. « La rentrée était le 1er octobre, je n’ai manqué qu’une quinzaine de jours », relativise-t-elle. Avec son sourire retrouvé, des souvenirs plein la tête et des valises remplies des cadeaux de ses nouveaux amis, Misharéna est retournée dans son pays en formulant un vœu : « revenir en France », pour revoir tous ses « anges gardiens » qui ont veillé sur elle et l’ont accompagnée pendant ces trois semaines. Quant à Patrick Angelvy, il va continuer ses actions avec l’association PHI. Un peu ému, il fait lui aussi un vœu : « par une multitude de petites actions, on a pu reconstruire le visage de Misharéna, on peut essayer de la même façon de reconstruire le visage d’Haïti… »