Canicule

Se préparer au pire

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Publié le 07/06/2018
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Dans les prochaines années, la multiplication des vagues de chaleur semble inévitable. Il importe donc de mieux se préparer aux canicules. Notamment en se préoccupant des plus âgés, dont le système de transpiration n’est plus efficient.

La vague de chaleur exceptionnelle de l’été 2003 a entraîné une surmortalité estimée à près de 15 000 décès entre le 1er et le 20 août 2003 (+60 %). Depuis cet épisode, la France a mis en place un plan national canicule, dont l’objectif est de réduire les impacts sanitaires des vagues de chaleur.

Ce plan est mis en œuvre chaque été depuis 2004 et a aidé à limiter la surmortalité à moins de 10 % pour la majorité des épisodes caniculaires qui ont suivi (2006, 2015, 2016 et 2017), et n'ayant jamais dépassé les + 50 %. Toutefois, restons vigilants, car aucune canicule aussi intense que celle de 2003 n’est encore survenue depuis en France. Mais « avec le changement climatique, nous n’éviterons pas, dans un avenir proche, un ou plusieurs épisodes caniculaires équivalents, voire pires », évoque le Pr Jean-Louis San Marco, professeur de médecine à l'université de Marseille, dans un éditorial du « Bulletin épidémiologique hebdomadaire » du 5 juin consacré aux impacts sanitaire des canicules. Heureusement, depuis 2003, « nous avons appris à nous défendre et nous sommes organisés, ajoute-t-il. Et surtout, nous connaissons mieux le fonctionnement de la transpiration, nous savons l’entretenir quand c’est possible et surtout la remplacer quand elle s’effondre, chez les plus âgés. »

Un outil de rafraîchissement

En effet, les températures inhabituellement élevées peuvent se révéler dangereuses. Déjà, le manque de compensation hydrique immédiate d’une personne qui transpire, exposée à une forte chaleur, peut déboucher sur une déshydratation. Cette complication a pratiquement disparu (sauf chez les ouvriers travaillant en extérieur chez qui il faudra être vigilants) depuis que l’on incite à population à boire.

En revanche, la transpiration s’épuise au bout de 48 heures de stimulation ininterrompue chez les personnes les plus âgées : à partir de 65 ans chez la femme, et de 75 ans chez l’homme. « Nous ignorions cela en 2003, et les seniors ont payé cette ignorance du prix fort », évoque Jean-Louis San Marco. Aujourd'hui, nous savons qu'il existe un outil de rafraîchissement particulièrement simple et efficace : placer de l’eau sur la peau et l'aider à s’évaporer avec un léger courant d’air (ventilateur). Le problème reste que les personnes les plus vulnérables et isolées sont incapables de procéder elles-mêmes à cette défense simple. « Il importe donc de les recenser et de les protéger : les déplacer vers un logement frais, refroidir leur lieu de vie, leur fournir un soutien extérieur. Mais ces trois solutions, qui sont la clé du succès, sont difficiles à mettre sur pied », analyse le professeur.

Outre la surveillance des tableaux d’hyperthermie, il faudra également porter une attention aux tableaux d’hyponatrémie, qui peuvent être dus à une réhydratation abusive chez des sujets soufrant d’hyperthermie. Il s’agit donc de savoir de quoi souffre une personne âgée en mauvais état : déshydratation ou hyperthermie, et lui appliquer le traitement adapté.

Charlotte Demarti

Source : Le Quotidien du Pharmacien: 3442