Je suis ce que je ne suis pas

J’ai rencontré mon ami Jules, en pleine forme, et je l’ai complimenté pour sa bonne mine.
« Je suis heureux, dit-il, de ce que je ne suis pas. Je ne suis pas malade, je ne suis pas chômeur, je ne suis ni syrien, ni afghan, ni soudanais, ni érythréen, ni même chrétien d’Orient, je ne suis pas inondé, je ne crains pas les avalanches, les séismes, les tsunamis, je ne suis ni pauvre ni riche et en conséquence je n’ai ni le souci de gérer mon patrimoine ni celui de payer trop d’impôts, je ne suis pas seul, je ne m’ennuie pas, mais je ne suis jamais débordé, je ne souffre ni de la chaleur ni du froid. Je n’ai aucune notoriété, ce qui m’évite d’être insulté tous les jours dans les réseaux sociaux. Cela fait beaucoup de facteurs négatifs à mon optimisme ».
Je lui ait rétorqué que cette addition de négations aboutissait à une affirmation, à savoir que Jules trouve dans ce qu’il n’est pas l’explication de son équilibre, c’est-à-dire de la sagesse.