Une étude francilienne montre que la consommation de somnifères augmente avec l’exposition au bruit nocturne.
Voitures, trains, cafés, restaurants… Le bruit environnemental nocturne impacte-t-il le sommeil des Français ? Pour répondre à cette question, une étude a analysé la consommation de psychotropes des Franciliens en fonction de leur exposition au bruit nocturne, l’Île-de-France étant l’une des régions les plus bruyantes du pays.
Baptisée Somnibruit, l’étude a porté sur les 432 communes et les 20 arrondissements parisiens de la zone dense francilienne (environ 10,5 millions d’habitants), sur la période 2017-2019. Les bruits issus des transports (trafic routier, ferroviaire et aérien), mais aussi ceux liés aux activités récréatives nocturnes (cafés, bars et restaurants), ont été pris en compte. Le niveau de bruit a été mis en relation avec le taux annuel de patients de 18 à 79 ans ayant bénéficié d’un remboursement de psychotropes à visée hypnotique (prescription d’au moins trois mois). L’analyse s’appuie sur les données du système national des données de santé (SNDS) et sur une liste de 381 spécialités pharmaceutiques couramment utilisées comme somnifères.
Résultat : il existe bien une association significative entre le niveau d’exposition au bruit environnemental nocturne et le taux de patients ayant reçu un remboursement d’hypnotique pour des troubles chroniques du sommeil.
Dans le détail, plus de 500 000 habitants de la zone dense francilienne (soit 6,5 % de la population) ont consommé des somnifères chaque année entre 2017 et 2019. Dans cette même zone, 75,7 % de la population (environ 8 millions d’habitants) sont exposés la nuit à un niveau de bruit routier supérieur aux recommandations de l’OMS (45 décibels maximum entre 22 heures et 6 heures), loin devant le bruit ferroviaire (11,6 %), le bruit récréatif (11,5 %) et le bruit aérien (9,8 %).
« C’est la première fois en France qu’une étude met en évidence un lien entre remboursement d’hypnotiques et exposition au bruit la nuit », affirme Nathalie Beltzer, directrice de l’Observatoire régional de santé (ORS Île-de-France).
L’étude montre que chaque augmentation de 5 dB du bruit nocturne est associée à une hausse significative du taux de patients ayant consommé des hypnotiques. Cet effet est le plus marqué pour le bruit routier (+ 1 pour 1 000 habitants), suivi du bruit récréatif (+ 0,8 ‰), du bruit aérien (+ 0,5 ‰), puis du bruit ferroviaire (+ 0,3 ‰). Par ailleurs, l’impact est plus important chez les personnes âgées de 50 à 64 ans et de 65 à 79 ans, comparativement aux groupes plus jeunes (+ 8,3 ‰ pour une augmentation de 5 dB (A) du bruit nocturne toutes sources confondues), chez les femmes (+ 2 ‰) et dans les zones les plus défavorisées (+ 2,5 ‰).
Pour les auteurs, « les résultats de cette étude renforcent l’hypothèse selon laquelle le bruit environnemental serait responsable de troubles chroniques du sommeil ».