Le e-commerce séduit autant qu'il hérisse, selon que l'on se place du point de vue du consommateur ou du professionnel en compétition. Pour concurrencer les commerces traditionnels de vente au détail, les arguments de la vente en ligne ne manquent pas : simplicité, diversité, disponibilité et prix (quoique cet argument reste à vérifier). Le domaine de la santé et du bien-être n'échappe pas à cette concurrence nouvelle, à la fois conséquence et cause de l'évolution des modes de consommation.
La e-pharmacie n'est pas la pharmacie
Mais ne vend pas sur internet qui veut ! Plusieurs pharmacies ont tenté de conquérir le e-marché, pour finalement s'y casser les dents. « En 2011, nous avons mené un projet de vente en ligne de nos gammes cosmétiques. L'objectif était de trouver un nouvel axe de développement, alors que nous accusions une baisse d'activité de notre pharmacie. Autour de nous, la vente en ligne était LA tendance et nous ne voulions pas passer à côté de cette opportunité. Nous avons été assistés par un consultant spécialisé dans le domaine et avons référencé de nouvelles gammes tout en gonflant les stocks », témoigne Angélique B, pharmacienne en Nouvelle-Aquitaine. Pour elle, l'aventure e-parapharmacie n'a duré que quelques mois. « Il faut déployer beaucoup d'énergie pour développer correctement le commerce en ligne, et disposer d'une équipe dédiée qui manie parfaitement internet et les réseaux sociaux pour assurer la communication et le référencement. Le e-commerce a ses propres codes ; c'est un autre univers commercial, avec une organisation et une logistique différentes de celle de l'officine. »
L'argument santé personnifié par le pharmacien
Quelques pharmaciens français ont néanmoins réussi à faire du e-commerce un allié de leur pharmacie ; leurs sites sont aujourd'hui parfaitement identifiés sur le marché de la vente en ligne. S'ils utilisent les codes de leurs concurrents telles les parapharmacies en ligne Easyparapharmacie ou Santédiscount, ces prolongements de pharmacie sur le Net ont un avantage : l'expertise du pharmacien justement et l'autorisation de vendre des médicaments selon les règles en vigueur. Pour se tailler une place dans ce marché en ligne et séduire les clients, l'argument majeur reste la mise en avant du pharmacien. Les sites 1001 Pharmacies et Doctipharma se sont d'ailleurs positionnés dès leur création comme une interface entre les pharmacies et les e-consommateurs, mettant en avant cet argument. Malgré ce leurre, l'activité de ces plateformes de parapharmacie en ligne reste limitée aux produits de santé non médicamenteux, comme l'a rappelé l'Ordre des pharmaciens en 2016.
Un concurrent concurrencé.
Concurrencé depuis des années par les enseignes de parapharmacie puis par la parapharmacie en ligne, le circuit officinal se maintient néanmoins en tête sur ce marché lucratif et s'accorde même une progression selon les données 2019. Avec 21 000 points de vente, la pharmacie crée un réseau incomparable que le e-commerce a du mal à déstabiliser. La libéralisation des ventes en ligne de médicaments pourrait changer la donne.
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