Réunissant, sous l’égide du Conseil de l’Europe, des experts et des autorités chargés des questions liées aux drogues issus de 40 pays dont, pour la France, la Mission Interministérielle de Lutte contre les Drogues et les Conduites Addictives (MILDECA), le Groupe Pompidou travaille actuellement sur la question des drogues dans les prisons, mais aussi plus globalement sur le respect des droits de l’homme dans les politiques liées aux drogues.
Lors d’une conférence organisée à Tbilissi (Géorgie), les experts européens ont débattu de la consommation croissante de NSP dans les prisons du continent : si celle-ci reste « anecdotique » en France, selon le Pr Jan Tytgat, pharmacologue et toxicologue à l’université de Leuven (Belgique), elle devient un réel problème dans plusieurs pays du nord et de l’est de l’Europe. Hors des prisons, ce sont actuellement, selon le Groupe Pompidou, l’Espagne, l’Irlande, l’Autriche et la Tchéquie qui sont les plus touchées par les NSP.
Des produits difficiles à détecter.
Le Pr Tytgat souligne que ces substances parfois légales donnent pour cette raison l’illusion qu’elles sont inoffensives, en dépit de leurs lourdes conséquences pour les consommateurs. Les NSP recensées en prison incluent les cannabinoïdes de synthèse, les cathinones de synthèse et les opioïdes de synthèse, en premier lieu le Fentanyl. Ils comprennent aussi les benzodiazépines, dont 23 nouvelles variations, conçues à des fins récréatives, ont été détectées depuis 2017. Les scientifiques doivent mieux informer les autorités et l’ensemble de la population sur les risques liés à ces produits, poursuit ce pharmacologue.
En prison, ces produits circulent d’autant plus facilement que le personnel pénitentiaire n’est pas assez formé à leur détection et à leur saisie. Selon le coordonnateur de ce programme au sein du Groupe Pompidou, Robert Teltzrow, les NSP sont d’autant plus « attractives » pour les prisonniers et leurs dealers qu’elles sont difficiles à détecter, y compris par des chiens renifleurs, et qu’elles sont à la fois puissantes et de petite taille : il est donc relativement facile de les dissimuler, parfois même en les pulvérisant sur du tissu ou du papier.
40 % des prisonniers en consomment.
Toutefois, la consommation de NSP ne représente qu’environ 3 % de la consommation totale de drogues dans la population générale. On ne dispose pas de données pour les prisons, mais elle doit elle aussi atteindre au maximum 3 %. Rappelons toutefois que, dans certains pays comme les Pays-Bas ou le Royaume-Uni, près de 75 % des prisonniers consomment ou ont consommé des drogues, quelles qu’elles soient, la moyenne européenne atteignant 40 %. Il ne faut donc pas céder à la panique devant l’arrivée des NSP, mais apprendre à gérer, dès maintenant, cette nouvelle évolution des consommations, y compris en matière de prise en charge. Il s’agit notamment d’apprendre, en prison, à reconnaître les overdoses aux opioïdes, pour lesquelles il existe des protocoles de traitements et des antagonistes, en premier lieu la Naloxone.
Enfin, les participants à cette rencontre ont souligné l’importance de mettre en place des traitements de substitution pour les usagers de drogues incarcérés, traitements qui doivent pouvoir être poursuivis à l’extérieur une fois leur peine achevée. Les autres programmes curatifs ou préventifs, notamment en matière de VIH et d’hépatites, devraient eux aussi être poursuivis, sans rupture, à l’issue de la peine. Ces experts rappellent que l’incarcération ne devrait être infligée aux usagers de drogue « que si aucune autre solution n’a fonctionné », et que la durée d’enfermement influe négativement sur les chances de réhabilitation.
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