Entretien avec Cécile Lambert : « La généralisation d’OSyS impliquerait des adaptations »

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Publié le 13/11/2025
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La cellule d’évaluation des expérimentations article 51, au ministère de la Santé, a transmis un rapport positif sur le dispositif OSyS. Son avis est en cours de validation et sera discuté au Conseil stratégique de l’innovation en santé. Cécile Lambert, rapporteure générale de l'article 51, explique les étapes suivantes vers une éventuelle généralisation.

Crédit photo : DR

Le Quotidien du pharmacien.- Le Premier ministre s’est engagé à généraliser OSyS, avant la fin de l’évaluation de l’expérimentation. Est-ce déjà arrivé dans le cadre de l’article 51 ?

Cécile Lambert. - Oui, c’est déjà arrivé que les décisions politiques viennent percuter les étapes d’évaluation. Plusieurs expérimentations ont été généralisées dans des lois avant la fin de l’évaluation, comme le DRAD (Dispositif renforcé d’accompagnement à domicile) inscrit à la LFSS 2022 en avance de phase. Cela montre combien l’article 51 est une boîte à idées pour ceux qui font la politique publique en santé. Cependant, cela peut nous mettre en porte-à-faux. Par exemple, ICOPE, programme de repérage précoce des fragilités liées au vieillissement, a été généralisé par la loi du 8 avril 2024 alors que l'expérimentation n'était pas terminée et que le rapport d’évaluation, sorti plus tard, était en demi-teinte. C’est pourquoi nous plaidons pour attendre la fin de l'évaluation, avant toute prise de décision. Même si le rapport concernant OSyS est positif.

Lorsqu’elles sont généralisées, les expérimentations le sont-elles dans leur forme initiale ?

Elles ne sont presque jamais reprises à l’identique, il y a toujours une part d’adaptation. Le rôle de l’article 51 s’arrête au moment où l’évaluation finale est rendue ; ensuite, le relais est pris par une direction chef de file — la DGOS, la DSS ou la CNAM (1) — qui travaille à la transposition avec les autres acteurs. Cette direction se réapproprie l’expérimentation et l’insère dans un cadre plus global. L’équipe de l’article 51 veille à ce que l’application ne s’écarte pas trop du modèle testé. Pour OSyS, nous avons l’expérience de la transposition partielle pour la prise en charge des angines et des cystites. Le chemin clinique et l’interrogatoire de triage reprennent la base d’OSyS, tout en ayant été retravaillés par la HAS, qui doit proposer une version stabilisée. Ce sera également le cas, cela devrait bien se passer.

Quels autres points pourraient donner lieu à une adaptation ?

Un point important concerne la valorisation de l’acte du pharmacien. Dans le cas des TRODs angine et cystite, cela avait fait l’objet d’une négociation dans un avenant conventionnel avec les pharmaciens, avec une légère révision à la baisse du forfait de rémunération. On peut imaginer une nouvelle négociation dans le cadre conventionnel, pour fixer le tarif de cette activité. Autre enjeu, lié aux outils associés : faut-il faire évoluer l’outil numérique utilisé dans OSyS, et créé à l’origine par PHSQ (2) ? Enfin, les relations interprofessionnelles, notamment avec les infirmiers qui expriment des craintes sur le triage des plaies. OSyS, cependant, ne prend en charge que les plaies accidentelles en premier recours. Ce sera à la direction désignée comme chef de file pour la transposition de proposer un arbitrage.

(1) Direction générale de l’offre de soins, Direction de la Sécurité sociale, Caisse nationale d’assurance-maladie

(2) Pharma Système Qualité

Propos recueillis par I. D.

Source : Le Quotidien du Pharmacien