Le Quotidien du pharmacien.- Vingt-huit licences ont été rendues en septembre dernier. Peut-on parler de tendance et s’attendre à ce que les fermetures d’officine poursuivent cette cadence ?
Amélie Bouttemy.- Nous constatons, à notre niveau, que ces « rendus » de licence interviennent en majorité dans le cadre de regroupements d’officines. L’ampleur du phénomène n’est pas une surprise. Sur dix ans, le mouvement de restructuration du réseau officinal se fera plus ou moins en douceur selon que les fermetures/regroupements toucheront un nombre plus ou moins grand de pharmacies, entre 4 000 et 8 000 selon les estimations.
Cette tendance est naturelle. En effet, pour que l’officine élargisse ses offres - produits, services, conseils, relations, spécialités médicales et entrepreneuriales…-, le regroupement est un passage parfois nécessaire. Sans compter qu'il peut rendre le métier attractif pour les jeunes. Aussi, je pense que tous les titulaires, pas seulement ceux ayant la charge d’officines dites « petites », doivent anticiper la réflexion et se poser la question du regroupement avec leurs confrères. Dans cette perspective, je suis optimiste pour le secteur de la pharmacie qui évolue structurellement avec des acteurs ayant les compétences pour agir.
Comment procéder dans ce cas ?
Le mouvement est déjà en marche sur l’ensemble de l’Hexagone. Dans une zone de chalandise où cohabitent quatre ou cinq pharmacies, par exemple, les titulaires proposent à la plus petite et/ou à la moins rentable de la racheter, ils en rendent la licence avant d’exercer ensuite de manière regroupée. Classique ! Cette opération « défensive » s’avère rentable avec un retour sur investissement dans les sept à huit ans.
La génération actuelle n’a plus les moyens, ni l’envie, comme ses aînées, de se « déchirer ». Les jeunes titulaires adhèrent à cette évolution. Et encore une fois, cette concentration du marché n’est pas grave, elle est salutaire, sources d’opportunité et intéressante.
Néanmoins, elle peut être douloureuse pour certains titulaires qui ont capitalisé sur leur officine pour leur retraite, ou encore sont acculés au dépôt de bilan parce que leur officine a été surévaluée à la vente, le quartier désertifié ou le loyer trop élevé.
Certes, mais en tout état de cause, il faut chercher, à tout prix, à sortir par « la grande porte », en trouvant une solution honorable. C’est-à-dire agir en amont et ne pas attendre d’être en difficulté, de quelque ordre que ce soit, pour envisager une stratégie.
Le point faible de la profession, comme de toutes professions libérales d’ailleurs, est qu’elle se place dans un mode essentiellement opérationnel et relativement peu stratégique. Toutes les officines sont concernées, même celles qui pourraient se croire à l’abri grâce à un niveau de chiffre d’affaires apparemment élevé, par rapport aux évolutions structurantes du métier et de leurs zones de chalandise.
*Experte-comptable et commissaire aux comptes, cabinet AdéquA
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