Le Quotidien du pharmacien.- 150 millions d'euros d'économies sont espérées sur certains DM, quelles conséquences sont à prévoir pour tous les officinaux qui en délivrent ?
Fabrice Camaioni.- Cela va avoir un impact considérable sur la marge. Si on prend l'exemple des lits médicalisés, comment peut-on rattraper une baisse sèche de 15,2 % alors que l'activité, elle, restera identique en termes de qualité ? Vingt millions d'économies espérées sur les seuls tire-lait, soit une baisse tarifaire de près de 40 %, c'est énorme. Au bout de cinq semaines de location, la marge devient négative pour le pharmacien. Les officinaux ne seront pas impactés par les baisses souhaitées sur les perfusions car elles concernent les modèles par diffusion, essentiellement délivrés par les prestataires. Des avis de projets, finalement gelés, prévoyaient également des baisses à venir sur certains pansements techniques et sur la nutrition orale pour les adultes. Ces baisses impactent les prestataires à 100 % mais, mises bout à bout, elles sont aussi très pénalisantes pour le pharmacien.
Locations trop longues, dispositifs inadaptés, patients qui oublient… que pourrait-on faire pour permettre une délivrance des DM à la fois plus efficace et moins coûteuse ?
Dès que le CEPS constate une augmentation qu'il juge anormale, il ordonne une baisse tarifaire. Cet entêtement est pour moi incompréhensible. Si l'on souhaite réellement éviter les durées de location trop longues par exemple, ce n'est tout simplement pas la bonne méthode. Si on observe un surcoût sur une prescription en particulier, il faut trouver comment agir efficacement sur celle-ci. Au lieu de régler concrètement les problèmes, on cherche surtout à générer des économies très rapidement. Pour obtenir de meilleurs résultats, on pourrait par exemple envisager une vraie formation sur la liste des produits et prestations (LPP) pour les prescripteurs.
Comment percevez-vous la relation entre les officinaux et les prestataires de santé à domicile ?
Il existe une vraie méfiance et elle est presque réciproque, on ne peut le nier. Il ne faut, bien sûr, pas mettre tout le monde dans le même panier mais les pharmaciens reprochent aux prestataires certaines pratiques constatées sur le terrain. En premier lieu, le détournement des ordonnances, c'est le principal grief. Des prestataires n'hésitent pas aller voir le prescripteur alors que le patient lui-même n'a pas encore vu l'ordonnance. Des prestataires livrent en quantité industrielle, il y a des abus, des problèmes de surfacturation, du gaspillage… mais il ne faut pas jeter l'opprobre sur toute la profession. Certaines dérives, tant elles sont énormes, devraient être plus facilement repérées et sanctionnées par les autorités compétentes.
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