RIEN DE PLUS SIMPLE, j’ouvre mon logiciel WinPharm, je sélectionne Pharmacie, puis Commande et enfin Fabricant. Pour la date, j’ai juste à cliquer sur Entrée et elle s’affiche toute seule. Je tape les premières lettres du laboratoire auquel je veux commander les antipsychotiques atypiques, les sachets de poudre pour solution buvable contre la constipation ou les gélules de paracétamol qui vont bientôt nous manquer. La liste des produits du labo s’affiche, avec le stock mis à jour et le prix à l’unité. Dans la case Commande, je tape 2 000, ou bien 420, ou bien n’importe quel multiple de 20, 28, 30 ou 50. Quand j’ai fini, je valide en cochant la case V et j’imprime.
Il ne me reste plus qu’à aller dans le secrétariat pour envoyer mon fax, et à attendre l’impression du récépissé, que j’agrafe avec mon bon de commande. Je mets le tout dans une chemise cartonnée rouge, pour Babette qui s’occupe consciencieusement de toute la suite de la paperasserie. Aussi bizarre que ça puisse paraître, dans les deux à quatre jours qui suivent, en général, on reçoit bien les cartons, contenant les bons produits, et dans la bonne quantité. Mais il ne faut pas rêver, tout de même, on sait tous que la vie en général, et la commande de médicaments en particulier, nous réservent des surprises toujours renouvelées.
Le numéro de fax avait été changé, mais la fiche du fabricant n’était pas à jour : mon fax s’est perdu on ne sait pas où. J’ai bien récupéré mon récépissé, mais je ne l’ai pas lu correctement, et au lieu de « validé » je m’aperçois une semaine plus tard qu’il y a écrit « pas de réponse » : ma commande arrivera quand elle arrivera, mais pas avant que j’envoie à nouveau mon fax. J’avais plusieurs fax à envoyer et j’en ai expédié un au mauvais labo : personne ne me prévient que ma commande ne le concerne pas, et j’attends en vain. Ma commande est bloquée par un malentendu au niveau du service de la comptabilité, je fais intervenir notre comptable, quand elle revient de sa journée de RTT : encore un peu de patience.
Le transporteur désinvolte n’a pas envie de venir livrer un seul colis, il attend d’en avoir au moins trois pour se déplacer jusqu’ici : j’attends avec lui, en téléphonant tous les jours, et en râlant tous les jours, en vain. Au lieu de nous expédier comme d’habitude des rouleaux de sparadrap tout simples, on nous procure des modèles de luxe, chaque rouleau inséré dans un magnifique dévidoir bleu turquoise, cher et inutile. Le carton que nous recevons ne nous est pas destiné, le nôtre a bien été livré, mais où ? À cause d’un prix qui n’a pas été mis à jour, ou d’un produit commandé mais que le laboratoire ne livre plus, la facture n’atteint pas le minimum pour éviter de payer le port : je vais devoir pleurer un peu quand je vais appeler le service des commandes, pour attendrir mon interlocuteur…
Bon, c’est pas tout ça, il faut qu’on aille ranger les trente cartons de gants (vinyle, non poudrés, tailles 6/7, 7/8 et 8/9) qu’on vient juste de recevoir…
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