CES DERNIERS TEMPS, je viens de réaliser que certaines personnes se comportaient exactement comme des produits chimiques dangereux. Il y a les explosibles qui déflagrent rapidement, les comburantes qui dégagent beaucoup de chaleur, les inflammables dont le point d’éclair peut être bas, très bas, voire extrêmement bas, les toxiques, les très toxiques et les nocives qui nuisent à la santé des autres, les corrosives qui détruisent, les irritantes qui provoquent des inflammations, les sensibilisantes qui vont entraîner des allergies, et les dangereuses pour l’environnement, qui présentent un risque immédiat ou différé pour celui-ci. Évidemment, on peut trouver pire que ces descriptions sommaires : une personne qui serait à la fois, disons, très toxique, corrosive et sensibilisante.
Ou toute autre combinaison que vous trouveriez plausible, en sachant que j’ai quand même écarté les cancérogènes, les mutagènes, et les toxiques pour la reproduction. Ces personnes n’ont pas toujours sur elles leur étiquetage avec le pictogramme, les mentions de danger et les conseils de prudence, mais quand elles évoluent depuis un certain temps dans un cercle professionnel plutôt restreint, elles n’en ont pas besoin. Leur toxicité et les lésions qu’elles peuvent provoquer sont largement connues, leurs propriétés physiques, sanitaires et environnementales sont répertoriées et abondamment discutées.
D’autre part, on sait parfaitement bien qu’il est essentiel de ne jamais stocker au même endroit des produits chimiques susceptibles de réagir violemment les uns au contact des autres. Bon, c’est vrai, certains peuvent être stockés ensemble, par exemple un nocif avec un irritant ou un toxique. Mais jamais un facilement inflammable avec un corrosif. Personnellement, au niveau humain, le stockage dans le même local d’un toxique avec un irritant, je trouve ça insupportable, sauf s’il n’y a qu’eux deux, et alors laissons-les se débrouiller entre eux. Parlons-en, du local. Il doit être spécifique, encore qu’il soit admis, quand les quantités de produits sont faibles, de les stocker dans des armoires adaptées aux risques, munies d’un système de rétention, de ventilation et de signalisation.
J’ai écrit armoire mais dans certains endroits, en fait, on utilise des placards. Il est souhaitable que la porte d’accès au local comporte un dispositif d’ouverture anti-panique, et soit fermée à clé. Il doit y avoir un moyen d’extinction adapté à proximité. En cas de renversement accidentel de produits, on doit pouvoir disposer immédiatement de matière absorbante pour les récupérer, et d’une poubelle spécifique scellée pour recueillir la matière absorbante souillée. Que de précautions, n’est ce pas. Les textes sont hyperdétaillés en ce qui concerne la prudence, la prévention, l’intervention, le stockage, l’élimination… Pour la fréquentation des personnes, l’ouverture anti-panique, c’est la fuite : « se mettre en maladie », ou « faire une dépression », ou demander une mutation, ou tout simplement démissionner, et laisser aux autres les plaisirs d’utiliser la matière absorbante et la poubelle.
Un toxique et un irritant viennent d’arriver dans mon équipe, ensemble. Au secours.
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