LA CRISE ÉCONOMIQUE et financière mondiale n'épargne pas le secteur de la santé. Mais pas de panique ! Si les cotisations salariales sont à la baisse, et les dépenses liées au mal être social en hausse, l'Assurance-maladie n'est pas menacée de façon directe. « Historiquement, la santé est un secteur relativement épargné par les crises. La mutualisation joue comme un amortisseur, un stabilisateur automatique », rappelle Frédéric van Roekeghem, directeur général de l'UNCAM (1), lors d'une table ronde à Pharmagora. Problème : « on ne part pas d'une base totalement assainie », avec un déficit qui se creuse. En cause, les recettes. « Elles vont connaître des taux d'évolution faibles voire négatifs, alors que le poste des dépenses est relativement performant ces dernières années », estime Frédéric van Roekeghem. Raison de plus pour ne pas gaspiller les ressources et prescrire de façon adaptée, commente le patron de la Sécu. « Tous les acteurs doivent participer à l'efficience du système. Y compris nos caisses, qui font des efforts de gestion importants », affirme M. van Roekeghem.
S’en sortir par la recherche.
Du côté des industriels, Philippe Lamoureux, directeur général du LEEM (2), se félicite lui aussi de la pérennité du système en période de crise. Revers de la médaille, qu'il considère comme un « vrai danger » : l'attitude des pouvoirs publics, tentés de mettre à nouveau à contribution un secteur épargné par la crise mondiale. « Celle-ci vient s'ajouter à une crise structurelle engagée depuis plusieurs années, qui est une crise du modèle de développement de la pharmacie », souligne Philippe Lamoureux. L'innovation, qui se porte plus vers des produits de niche, doit être soutenue. Car pour le représentant des labos, le médicament est un « élément de sortie de crise ». Ce qui ne l'empêche pas de soutenir le développement des génériques et la mise en place de contrats d'amélioration des pratiques individuelles (CAPI). « Les patients doivent savoir si leur médecin traitant a signé ce type de contrat », suggère M. Lamoureux. Anne Baille partage évidemment son point de vue. La vice-présidente du GEMME (3) est très claire : « Nous contribuons fortement aux économies, mais nous ne voulons pas servir de variable d'ajustement au moindre à coup ». Elle se veut rassurante : « Il est possible que la crise entraîne une prise de conscience plus importante du corps médical ». Autre effet bénéfique supposé, la refonte de l'industrie pharmaceutique. « La crise structurelle accélère un mouvement débuté il y a quelques années. La consolidation de l'industrie pharmaceutique se fait de façon transversale, sans distinguer les laboratoires d'innovation des génériqueurs », considère la représentante du GEMME.
Trésorerie négative.
Les répartiteurs estiment eux aussi qu'ils ont fortement contribué aux économies. Pour Yves Kerouédan, président de la CSRP (4), la répartition est un « petit maillon » de la chaîne du médicament, « représentant 2,5 % de son prix et moins de 0,5 % des dépenses de santé ». Elle a l'habitude des politiques restrictives, mais n'en veut pas d'autres. « Sans répartition forte, le maillage des pharmacies serait remis en question », se défend Yves Kerouédan. Ce maillage est-il vraiment menacé ? Oui, si l'on en croit Patrice Devillers, président de l'USPO (5). Pour amortir les effets de la crise, il faut revoir la structure du réseau officinal. « Les regroupements doivent être de plus en plus importants et l'État doit accorder des incitations fiscales pour les favoriser », estime Patrick Devillers. Le président de l'UNPF (6), Claude Japhet, est du même avis. Difficile selon lui d'avoir des gains de productivité avec des entreprises qui comptent moins de 4 ou 5 salariés. « Ce ne sont pas les plus petites officines qui seront fragilisées, mais celles dont l'endettement sera le plus élevé », nuance Claude Japhet. Lui aussi demande l'intervention de l'État pour passer ce cap difficile : « Plutôt que d'aider les banques, il faudrait aider les pharmaciens ». Pour eux, les ennuis remontent à début 2008. « Ils ont perdu 5,19 % sur le médicament remboursable et 3,65 % sur la marge », avertit Patrick Devillers. Et la loi de modernisation de l'économie (LME) ne va rien arranger. Dans ce contexte, les nouvelles missions du pharmacien, tels la prévention, le dépistage et l'éducation thérapeutique permettront à l'Assurance-maladie de générer des économies. À la FSPF (7), Philippe Gaertner est lui aussi favorable à une évolution de la rémunération, partagée entre l'acte du professionnel et la vente d'un produit. En attendant, il rappelle qu' « en décembre dernier, 36 % des officines étaient en trésorerie négative. »
(2) Les Entreprises du Médicament
(3) Générique, même médicament
(4) Chambre syndicale de la répartition pharmaceutique
(5) Union des syndicats de pharmaciens d'officine
(6) Union nationale des pharmacies de France
(7) Fédération des syndicats pharmaceutiques de France
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