Lorsqu’un laboratoire vient vous demander de référencer un nouveau produit conseil ou un article autorisé par notre profession, il n’y a pas de réponse toute faite. Avant toute prise de décision, un temps de réflexion s’impose. Le questionnement permet de prendre de la distance, pour ne pas se laisser manipuler par le commercial qui vous démarche et ne pas se fourvoyer dans une opération strictement commerciale et sans aucune valeur ajoutée pour notre image de professionnel de santé.
Comme tout autre professionnel, il nous faut agir avec éthique. Même si ce mot est à la mode et utilisé fréquemment (exemple : médicaments éthiques, ce qui suppose que d’autres ne le sont pas !), il est bon de se rappeler que l’éthique n’est ni une science, ni une technique, ni un système de règles ; mais surtout il engage celui qui décide, suite au travail rationnel nécessaire, mettant en jeu les valeurs qu’il porte. Or, à l’officine, nous sommes face à deux exigences : viser en priorité le bien des personnes qui nous sollicitent, tout en parvenant à faire vivre l’officine et son équipe. Nous nous situons ainsi sur une ligne de crête, évitant à la fois une vision trop idéaliste de notre mission et une vision essentiellement utilitariste, considérant le patient comme simple consommateur.
D’où la question : comment exercer un jugement éthique le plus juste possible afin de lier la fin visée et les moyens d’y parvenir ? Il est vrai que les choix sont parfois difficiles en raison de la pluralité des critères à retenir : nature des principes actifs et de leurs métabolites, forme galénique innovante, attente de la clientèle, alternative à un produit déjà référencé, possibilité de conseil complémentaire à certaines prescriptions…
D’évidence, le premier critère qui doit nous guider est celui de non-nocivité : celui-ci correspond au principal dogme abstentionniste dans le domaine de la santé. Hippocrate l’avait formulé dès – 410 avant J.-C. dans son traité Épidémies, définissant le but de la médecine : « Face aux maladies, avoir deux choses à l'esprit : faire du bien, ou au moins ne pas faire de mal. » Un second principe peut être l’utilité potentielle du produit proposé : son indication thérapeutique en cas de pathologie courante a-t-elle été bien scientifiquement prouvée ? Peut-il constituer un réel conseil associé à un autre traitement ? Ce nouveau référencement peut-il être véritablement source de valorisation pour l’officine ? Il est possible de recourir à d’autres critères. C’est à cette seule condition qu’une décision éthiquement juste peut être prise et qu’une officine subsiste comme véritable espace de santé.
Vous êtes intéressé(e) par cette réflexion ? Vous pourrez participer à un atelier débat organisé par notre association lors du prochain salon PharmagoraPlus 2020, le dimanche 15 mars à 16 h 45. Le thème de cet atelier sera Comment concilier éthique et marge. Deux intervenants viendront débattre afin de faire entrevoir le cheminement nécessaire à une prise de décision conforme à ce que les patients attendent de leur pharmacien d’officine.
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