- Ma fille est exténuée. On pensait que c'était lié au rythme scolaire et aux nouvelles épreuves du bac, explique la cliente à Christèle qui l'écoute attentivement. Elle dormait en cours, vous vous rendez compte ?
- En effet, des vitamines ne pouvaient pas suffire, répond la préparatrice. Et quand est-ce que vous avez pensé à la mononucléose infectieuse ?
- C'est le médecin remplaçant qui a suggéré cette infection. Dix-sept ans, fatigue, mal de gorge… Il a tout de suite pensé à cela. Quand je pense qu'on a passé un savon à notre fille avant de savoir ! Mais vous comprenez, on pensait qu'elle s'endormait tard. Elle est toujours sur son téléphone. Et puis nous avons été convoqués par la directrice. Dans le privé, on rigole pas…
- En tout cas, c'est aussi une infection que nous devons envisager à la pharmacie. On nous sollicite souvent pour soulager une fatigue, mais derrière ce symptôme, beaucoup de maladies peuvent se cacher. Surtout quand ça traîne comme pour votre fille. J'espère que votre fille va aller mieux maintenant. Tenez, votre carte Vitale…
- Merci. On va veiller sur elle, et faire en sorte qu'elle puisse rattraper le retard accumulé. C'est une année importante l'année du bac. Allez, à bientôt Christèle. Et Merci.
La cliente partie, Christèle rejoint le back-office. Elle y trouve Julien et Karine discutant avec un homme. Grand, sec, quasiment chauve, il doit avoir dans les 60 ans.
- Christèle, je vous présente Jean-Paul. Jean-Paul va remplacer J-C pendant son arrêt. On a bien besoin d'un coup de main. D'autant plus que je vais être très prise avec la campagne municipale. Jean-Paul sera parmi nous trois jours par semaine.
- Bonjour, répond Christèle en tendant la main.
- Bonjour, répond le pharmacien sans la regarder. Bon, Karine, comment ça se passe chez toi ? Les stupéfiants sont réservés aux pharmaciens ?
Karine, gênée, commence à expliquer :
- Tu veux parler de la dispensation des stups ? Si, si, les préparateurs peuvent les délivrer. Par contre, la balance est tenue par Juliette. Elle est absente aujourd'hui.
- Si vous leur faites confiance… À part ça, avec moi, pas de crédits, pas d'avances, et pas de renouvellements avant 24 jours. Et s'ils ne sont pas contents, ils changent de comptoir, ou de crémerie, poursuit Jean-Paul avec un sourire en coin.
- Les crédits, nous évitons. Par contre, pour ce qui est des avances, il y a parfois des situations inévitables.
La titulaire est de plus en plus embarrassée. À vrai dire, elle n'a pas eu le choix : les remplaçants ne courent pas les rues ; Jean-Paul était disponible. C'est un ami de longue date de la famille de J-C. De sa mère, Élisabeth, plus précisément.
- On continue Jean-Paul ? Julien va te montrer le logiciel.
- Julien ? C'est un bébé ! Je devrais pouvoir me débrouiller. Et entre nous, votre logiciel, c'est pas le meilleur. Et puis la Pharmacie du Marché n'a rien d'exceptionnel. Rangement, logiciel, équipe… rien de très original pour un vieux routard comme moi.
En aparté, Julien glisse à Christèle :
- Il est con ou c'est moi ?
- Il est con, je te confirme. Ça promet ! Je l'imagine déjà au comptoir.
(À suivre…)
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