C'est vite dit. Mise à l'épreuve, la solidité des institutions démontrera la stabilité politique du pays. Les législatives qui suivront l'élection du président, pourraient, dans le cas d'une victoire du Front national, ne pas accorder à Marine Le Pen la majorité qu'elle briguera. Ce ne serait pas un signe de chaos, mais seulement un rééquilibrage des forces politiques en présence : forcée à cohabiter avec la droite ou la gauche, la nouvelle présidente devrait renoncer au programme qu'elle a annoncé. Il ne faudra pas voir dans une crise de ce genre autre chose qu'une faculté du système, ce fameux système si décrié, à recentrer la vie politique.
Une crise de régime impliquerait la défaillance des corps constitués : police, éducation nationale, services de santé, armées, et une indécision dangereuse au moment de la passation des pouvoirs. De ce point de vue, François Hollande et Bernard Cazeneuve ne cessent de multiplier leurs interventions, sans doute pour montrer à leurs concitoyens qu'ils gouverneront jusqu'au dernier jour du mandat. D'aucuns les jugent un peu trop visibles, notamment dans la défense acharnée du bilan de M. Hollande, qui veut échapper à la condamnation par l'Histoire. Mais il est bon qu'ils raffermissent, ne fût-ce que pour une durée très courte, l'exercice de leurs pouvoirs. Les Français aiment savoir qu'ils sont gouvernés, surtout en période de changement.
Des instruments pour garantir la stabilité
M. Mélenchon veut convoquer une Constituante pour passer à la République suivante : encore faut-il que la représentation issue des urnes lui en laisse le loisir. Il va jusqu'à vouloir se sacrifier sur l'autel de la « révolution » puisqu'il ne peut fonder la VIè sans perdre du même coup son job tout nouveau de président. Lui non plus n'est pas assuré de disposer d'une majorité si, par extraordinaire (mais aujourd'hui, tout est possible), il était élu. Quant aux autres candidats, ils ne posent aucun problème. On peut même être certain que le nouvel élu voudra imposer son autorité le plus vite possible. L'idée de la crise de régime naît d'une observation pusillanime de la situation politique actuelle : on croit que tant de désordre apparent conduira à une crise de nerfs collective. Mais tous les instruments existent, dans la Constitution, pour faire face aux dévoiements, populaires ou d'une autre nature.
Les démêlés judiciaires de M. Fillon, de Mme Le Pen et de M. Macron les affectent différemment. Le candidat de la droite et du centre est le plus vulnérable, électoralement, à l'action de la justice et aux révélations de la presse. Marine Le Pen a choisi la politique de l'autruche, en croyant qu'elle peut circonscrire une justice qui n'accomplit pas de coup d'éclat mais suit son chemin discrètement jusqu'au moment où elle frappe ; Emmanuel Macron ne semble pas visé personnellement par l'affaire dite de Las Vegas et peut rétablir son intégrité fiscale sans trop de dommages pour sa candidature. Dans le pire des cas, un candidat peut être mis en minorité dans les urnes et, contrairement à ce que dit M. Fillon, il ne peut pas compenser par un excédent de suffrages ce qu'il aura perdu à cause d'un scandale. Certes, les électeurs jugent, mais ils jugent aussi en fonction des qualités du candidat.
C'est la tendance des hommes et des femmes assoiffés de pouvoir de présenter un tableau du pays assez sinistre pour qu'ils se présentent comme celui ou celle qui va le sauver. Cependant, s'il est vrai que la France affronte des difficultés assez nombreuses et graves pour qu'elles semblent insupportables, elle dispose de tous les moyens légaux et économiques pour s'en sortir. Il n'y a pas de paradis pour la bonne raison que l'enfer non plus n'existe pas. Il n'est pas interdit de préférer un président qui se sert des institutions pour bien gouverner à un président qui les déclare obsolètes, décrète le changement et lance le pays dans une nouvelle aventure.
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