L’IDÉE de créer des réseaux entre des professionnels de santé et des organismes complémentaires n’est pas nouvelle. Les sociétés d’assurance et les institutions de prévoyance avaient déjà la possibilité de pratiquer des remboursements différenciés pour leurs adhérents et elles se sont essayées à quelques partenariats avec des officinaux, avec plus ou moins de succès. En 2003, la société Santéclair, filiale des assureurs MAAF, MMA et AGF, s’est attirée les foudres de la profession, en proposant un contrat avec les pharmaciens sur 31 paniers de soins. Même si le choix des marques et des prix des produits inclus dans ces offres restait du ressort de l’officinal, ce dernier devait cependant veiller à ne pas dépasser le montant maximal du panier, fixé par Santéclair entre 10 et 15 % en dessous des prix du marché. Cet accord avait provoqué une levée de bouclier de la part des syndicats, qui le jugeaient « purement tarifaire » et incompatible avec le développement de l’opinion pharmaceutique, du suivi thérapeutique et de la prévention. Alors qu’elle visait entre 1 000 et 2 000 pharmaciens partenaires, Santéclair n’a jamais atteint ces objectifs et semble désormais se concentrer sur d’autres secteurs que la pharmacie, comme l’optique, le dentaire, et, plus récemment, l’ostéopathie.
De son côté, le groupe PHR a lui aussi testé la mise en place de contrats avec des assureurs. En 2009, un accord avec Malakoff-Médéric prévoyait pour ses clients une réduction de 15 % sur l’ensemble des produits de parapharmacie dans les officines PHR, un dépistage annuel du diabète, un bilan de prévention des risques cardio-vasculaires et un kit comprenant un autotensiomètre. Le partenariat a finalement été abandonné. « Malakoff-Médéric ayant décidé de passer outre la santé de ville et de viser directement les clients, explique Lucien Bennatan. Ils mettent en place des programmes d’accompagnement en entreprise, par exemple, mais ne s’appuient plus sur les réseaux de santé. » Un autre projet avec Viamédis, un organisme intermédiaire de mutuelles et assurances complémentaires, est également tombé à l’eau. « Ils se sont plutôt orientés vers l’optique et le dentaire », note le président de PHR. Désormais, il annonce que son groupe se « refuse à signer tout partenariat avec des assureurs qui voient les pharmaciens uniquement comme des professionnels capables de négocier les prix pour eux. Tant qu’ils ne tiendront pas compte du service, ce ne sera pas la peine de discuter avec eux ».
Privilégier le service, c’est également le souhait de Pascal Louis, président du collectif national des groupements de pharmaciens d’officine (CNGPO), même s’il se montre moins définitif dans son jugement. Selon lui, « les mutuelles restent des partenaires potentiels très forts. Cependant, le réseau pharmaceutique est déjà efficient en terme de prix, il n’est donc pas pertinent de mettre en place des partenariats uniquement pour les faire baisser ». Pour lui, les accords avec les mutuelles devraient plutôt se conclure « dans une logique d’amélioration de l’accès aux soins, avec des programmes de prévention et de dépistage, par exemple ». Ce type d’accord semble d’ailleurs avoir plus de succès, puisque près de 4 000 officines profitent désormais de la rémunération du conseil pharmaceutique grâce à un accord noué par le CNGPO avec l’assureur Allianz.
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