« CELUI QUI n’a pas vu Le Caire n’a pas vu le monde », peut-on lire dans un conte des « Mille et Une Nuits ». Dès l’arrivée, l’indescriptible grouillement de la population et la bruissante circulation automobile laissent place au charme étonnant de cette folle mégapole en perpétuelle expansion. Ici, le béton et la brique se frottent aux pierres des plus anciens monuments du monde. Là, les réparateurs de pneus et les petits cafés voisinent avec les plus raffinés des palais de califes.
Une promenade dans les venelles labyrinthiques de la cité phare d’Orient devient très vite un voyage dans le temps. Chaque quartier s’affiche comme témoin d’une époque. Pharaonique, avec ses trois célèbres pyramides veillées par un sphinx au nez fracassé qui lutte depuis des millénaires contre le simoun, ce vent violent qui soulève de gros nuages de sable. Chrétienne, avec les églises coptes des premiers temps du christianisme, dont l’une, Saint-Serge, est bâtie sur la crypte où séjourna la Sainte Famille qui fuyait le roi Hérode. Islamique, avec la citadelle de Saladin et la mosquée d’albâtre de Mohamed Ali assise sur les hauteurs de la ville, ainsi que d’innombrables mosquées et palais de sultans mamelouks et ottomans.
Dans le dédale des ruelles des quartiers Misr el-Qadima et d’el-Qahira, les siècles défilent en accéléré. Des anciens jouent dans la pénombre d’un café aux dominos. Des femmes marchandent des morceaux d’étoffes de couleurs vives dans une échoppe de bric-à-brac. Plus loin, le regard s’arrête sur une monumentale porte et de larges murs protégeant des merveilles d’architecture. Le mausolée de Qalawun, par exemple, un joyau mamelouk de la fin du XIIIe siècle. À quelques foulées, c’est la madrasa du sultan Hassan qui impressionne, avec ses portes de bronze incrustées d’or et d’argent, sa fontaine de marbre d’où coulait jadis un nectar sucré et cérémoniel. Construite pour le calife Ibn Touloun, qui s’était inspiré de la grande mosquée de Samarra (Irak), la mosquée du même nom est elle aussi de toute beauté.
La surprise est grande en découvrant Héliopolis, un autre des multiples quartiers du Caire, créé au début du XXe siècle par le baron Empain. Ce quartier, qu’on appelle aussi « la ville dans la ville », est composé de palais et de villas de style occidental lovés dans d’élégants jardins. Même s’il attend des jours meil?leurs, le très photogénique et incroyable palais khmer du baron vaut le détour.
Musée à ciel ouvert.
L’omniprésence du Nil et ses felouques glissant sur ses flots invitent à la découverte de l’Égypte pharaonique. Si on quitte volontiers Le Caire, en avion, c’est à la condition de partir pour Louxor, sans doute le plus grand musée à ciel ouvert du monde. Après une heure de vol, le cadre est d’une beauté à couper le souffle. Voguer sur le Nil qui sépare la ville actuelle de la nécropole, survoler en montgolfière les montagnes thébaines et ses tombes royales, flâner la nuit dans le temple de Louxor illuminé, ou à la douce lumière d’une fin d’après-midi, le voyageur n’a que l’embarras du choix. Une visite au musée s’impose pour y admirer le « trésor » trouvé en 1989 dans la cour d’Aménophis III et composé de splendides statues, en particulier du pharaon et de la déesse Hathor.
La terrasse près de la piscine Hilton Luxor Resort & Spa, qui s’est offert une somptueuse rénovation, est la place idéale pour admirer le spectacle du voyage d’Amon-Râ et sa fusion en soleil crépusculaire, à l’heure où le dieu Soleil s’estompe dans le rougeoiement du ciel sur les eaux du fleuve.
De retour au Caire, le séjour touche à sa fin, mais une dernière visite s’impose. Aux pyramides de Khéphren, Mykérinos et Khéops, l’unique rescapée des Sept Merveilles du monde, qui continue de susciter autant d’émerveillement après plus de 4 000 ans d’existence.
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