DANS MA BOULIMIE de jobs multiples, j’ai l’immense chance de travailler dans trois endroits différents, dans trois villes différentes, et avec trois équipes différentes. Je dois ajouter mon bureau et mon ordinateur, devant lesquels je m’assieds pour écrire chroniques et articles. Je passe quotidiennement d’une activité à une autre, aucune ne durant en général une journée entière. Je jongle avec les prénoms de tous ceux que je rencontre, avec les logiciels de validation des prescriptions, avec les mots de passe pour accéder à ces logiciels, avec les codes d’ouverture des pharmacies, des armoires à stupéfiants, des toilettes, avec les numéros de téléphone, de fax, les numéros abrégés, les codes postaux, j’ai plusieurs gros trousseaux de clés, et je récolte cinq bulletins de salaire chaque mois.
En fin d’année, j’ai autant de primes et/ou de carnets de chèques cadeaux. Pour ce qui est de prendre des congés, ne me demandez pas, je n’ai pas encore essayé. Le jour où je vais me décider, il me faudra coordonner pas mal de choses, ça me donne un petit début de migraine rien que d’y penser maintenant. Sans parler du pharmacien remplaçant que je vais devoir trouver, compétent, efficace, sympathique, et disponible. On verra ça plus tard… En attendant, cette fin d’année n’était pas synonyme uniquement de bonus, mais aussi d’inventaire. D’inventaires, en ce qui me concerne.
Numéro un. Ça faisait une semaine que Babette-la-préparatrice était (encore) en vacances, et que je faisais à moi seule le travail de deux personnes, l’inventaire étant prévu le jour de son retour. La journée a commencé avant 8 heures, et s’est prolongée après 18 heures, avec une pause de 30 minutes pour manger. Nous avons eu l’honneur de recevoir la visite de l’expert-comptable et du commissaire aux comptes, qui nous ont tenu compagnie une grande partie de la matinée, en nous posant plein de questions, en nous regardant travailler, et en recomptant derrière nous de façon aléatoire. Notre façon d’inventorier les ayant satisfaits, ils ont juste exigé que nous finissions tout avant de pouvoir rentrer (épuisées) chez nous…
Numéro deux. Celui-ci devait avoir lieu en tout début de la nouvelle année, nous devions le faire à trois, un samedi matin. Quand, de façon inattendue, le matin du 31 décembre, la comptable a réclamé l’inventaire pour l’après midi même. Aujourd’hui ? Oui, aujourd’hui. C’est obligatoire ? Oui, c’est absolument obligatoire. Impossible de se défiler, et impossible d’accéder à sa requête. La seule solution, c’était d’éditer l’inventaire théorique et de regarder vite fait s’il y avait de gros écarts choquants. Le comptage s’est fait à la louche, nous avons rendu le document, mais il nous reste à programmer un inventaire vrai de vrai pour bientôt.
Numéro trois. Celui-là, il est prévu pour samedi prochain, début à 5 heures du matin. Mes collègues, qui sont cinq grands et costauds techniciens spécialistes du matériel médical, auraient beaucoup aimé pouvoir travailler en nombre pair, en faisant trois équipes de deux, donc avec moi. La direction, interrogée, a répondu que le pharmacien n’avait pas à faire l’inventaire, mais que s’il participait, comme il a un statut de cadre, il ne serait pas payé. Mon sens de la solidarité ayant des limites, je me suis sentie obligée de décliner la proposition, à la grande déception de mes collègues.
Finalement, je me dis que je ne m’en suis pas trop mal tirée… Mais au fait, quelqu’un pourrait-il répondre à cette question : pourquoi un inventaire de stock, ça n’est jamais, mais alors jamais, juste ? Hmmm ?
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