Plusieurs sociétés savantes, telles la Société française de pédiatrie et la Société française de néonatalogie soutiennent l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) dans sa décision de suspendre l’Uvestérol D. Néanmoins, elles soulignent que l’accident tragique survenu avec ce médicament ne doit pas remettre en cause le bénéfice largement démontré d’une supplémentation en vitamine D. « La vitamine D, qui est de plus en plus considérée comme une hormone car elle est produite à partir du cholestérol cutané sous l’influence de l’ensoleillement et de certains rayons UV, a prioritairement une action sur le métabolisme phosphocalcique », rappelle le Pr François Chast, pharmacien chef de service à l'hôpital Necker-enfants malades.
Au-delà d'une action sur le métabolisme phosphocalcique, la vitamine D possède également d’autres propriétés intéressantes, notamment sur le système immunitaire. « La vitamine D est efficace, mais aussi bien tolérée et peu coûteuse », souligne François Chast.
L’accident tragique survenu le 21 décembre 2016 remet en lumière le risque de fausse route qui peut survenir chez les nourrissons lors d’une administration à la pipette. « La fausse route est le passage d’un liquide dans les voies aériennes au lieu des voies digestives. Chez le nourrisson de quelques jours, le réflexe de déglutition n’est pas aussi bien développé que chez un enfant plus âgé », analyse François Chast. « Avec un faible volume administré, on peut avoir un phénomène inflammatoire pulmonaire pouvant conduire à un trouble respiratoire majeur, à un accident cardiovasculaire d’origine vagale, voire au décès. C’est un enchaînement d’événements dramatiques », poursuit-il.
Toutefois, le pharmacien souhaite relativiser la situation. « En France, ces 25 dernières années, on a utilisé 5 milliards de doses d’Uvestérol. Il y a eu un décès, dont la cause exacte n’a pas été identifiée. En effet, en l’absence d’autopsie, il est difficile de prouver la présence de vitamine D dans le liquide pulmonaire et donc d’imputer ce décès avec certitude à l’administration via la pipette », observe-t-il, en appelant à rapporter le nombre de cas de fausses routes survenus avec ce médicament au nombre total de jours d’administration. « L’administration par pipette est de nature à simplifier la vie des parents. Mais il y a en France, chaque année, d’autres décès liés à des fausses routes, en lien avec une administration par pipette de spécialités autres que l'Uvestérol, mais aussi avec un biberon ou avec des gouttes médicamenteuses », rappelle François Chast.
Il ajoute qu'il est du devoir du pharmacien d’attirer l’attention des parents sur les modalités d'administration par pipette, quel que soit le produit. « Bien mesurer la dose, bien placer la pipette dans la cavité buccale, bien positionner l'enfant, bien rincer la pipette après utilisation, ne pas remplacer la pipette d'un médicament par celle d’un autre, etc. Mais souvent, le médecin prescrit trop vite, le pharmacien délivre trop vite et le patient est trop dans l’émotion pour entendre les messages, qu’il importe donc de répéter. »
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