« IL Y A CINQ parties du monde : l’Europe, l’Asie, l’Amérique, l’Afrique... et Genève », affirmait Talleyrand. Indubitablement suisse, même si elle n’a rejoint la Confédération helvétique que sur le tard, en 1815, Genève mérite en tout cas son surnom de « plus petite des grandes capitales ».
Cité de l’Empire germanique puis englobée dans le domaine des princes de Savoie, elle devient la « Rome protestante » au XVIe siècle avec la Réforme de Calvin puis, dès le XVIIIe siècle, centre bancaire européen, Mecque de l’horlogerie, de la joaillerie, des sciences et de l’imprimerie. Bousculée quelque peu par les armées révolutionnaires en 1798, qui l’annexent à la France sous le nom de département du Léman, elle devra attendre 1813 pour reprendre sa liberté après la défaite de Napoléon. Le XIXe siècle lui donnera son statut de ville internationale, avec la création en 1863 de la Croix-Rouge, inspirée par le Genevois Dunant. En 1864, la Convention de Genève amorce le droit international qui s’affirmera après la Première Guerre mondiale avec l’installation de la Société des Nations, l’ancêtre de l’ONU, en 1919.
Sur la rive droite du Rhône, parsemée de paisibles pelouses, les massifs édifices de pierres grises du quartier des organisations internationales abritent aujourd’hui quelque 250 institutions. C’est au cœur de ce quartier préservé que s’est implanté l’ultramoderne hôtel InterContinental, dont les hautes façades s’ouvrent sur le miroir du lac Léman, les Alpes et le Jura.
L’air des montagnes.
À une dizaine de minutes de là, dominé par le célèbre jet d’eau, monument liquide et emblème de la ville, derrière l’alignement classique des façades forcément austères de ses banques et des organisations mondiales, Genève cache sa vraie nature. Celle d’une ville calme, à l’allure un peu trompeuse de station climatique, qui bouge et qui respire. Une ville bonne à vivre, où l’on peut prendre ses aises et savourer le temps qui passe.
Vivifiée par l’air pur des montagnes, Genève jouit d’une situation de rêve. Parcs, promenades et quais bordés de fleurs incitent à la flânerie. Sur la rive gauche, le Jardin anglais – où fut assassinée en 1898, par un anarchiste italien, la malheureuse impératrice Sissi –, doté d’arbres splendides, offre de superbes échappées sur la rade et son jet d’eau. Robert Musil, la romancière anglaise George Eliot, Albert Cohen et Pierre-Jean Jouve y trouvèrent, dit-on, l’inspiration.
Blottie sur sa colline derrière ses hautes fortifications, la vieille ville domine le lac. Durant la nuit du 11 au 12 décembre 1602, les Genevois mirent en déroute les hommes du duc Charles Emmanuel de Savoie, qui tentaient d’escalader les remparts, en déversant sur eux des marmites de soupes brûlantes. Chaque année, la déconfiture savoyarde est commémorée à grand renfort de reconstitution historique.
D’un coup de tram, on poussera jusqu’à Carouge. La petite cité, spécialisée dans les métiers artisanaux, comptait en 1780 pas moins de 143 débits de boissons. Bon nombre d’entre eux ont disparu de ce quartier de Genève mais l’esprit demeure. Longtemps, Carouge, aussi catholique que paillarde, trancha avec l’austérité de la cité calviniste. Rue Ancienne, s’alignent encore les belles façades à arcades des maisons artisanales du XVIIIe siècle avec, côté jardin, d’inattendus escaliers à coursives d’aspect très méridional. À l’heure sacrée de l’apéritif, les bistrots de la Bourse ou du marché font terrasse pleine. On y célèbre le bien-vivre suisse romand en buvant une carougeoise, sympathique chope de bière de 2,5 dl, un vin blanc du pays vaudois, fruité et moelleux comme une fille, ou un rouge du Chablais, parfumé et puissant.
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