Le Quotidien du Pharmacien.- Quels sont les arguments qui ont motivé le projet d'expérimentation de vaccination à l'officine élaboré par la profession ?
Isabelle Adenot.- Ce sont avant tout des arguments de santé publique. L'augmentation de la couverture vaccinale est un tel enjeu que tous les professionnels de santé doivent y participer. Il n'est pas question de laisser les pharmaciens au bord de la route. D'autant que la vaccination souffre aujourd'hui en France d'un contexte peu favorable et que les réticences des patients sont encore importantes. La genèse de ce projet d'expérimentation est donc clairement la faiblesse de notre couverture vaccinale, mais c'est aussi l'observation des nombreux exemples étrangers. Aux États-Unis, au Canada et partout où les pharmaciens vaccinent déjà, les chiffres montrent que leur contribution concerne essentiellement des personnes qui n'ont jamais été vaccinées. Cette évolution va dans le bon sens car l'avenir de la pharmacie se jouera, pour partie, au niveau de la prévention.
Concrètement, comment cette expérimentation pourra-t-elle se mettre en place ?
Le dispositif est en cours de discussion. Une réunion de travail sera d'ailleurs organisée très prochainement avec le Directeur général de la santé, les représentants des médecins, des infirmières et des pharmaciens. En pratique, il est clair que ces expérimentations ne concerneront que la vaccination contre la grippe, chez des adultes. Le pharmacien devra disposer d'un espace adapté, d'une formation et préviendra le médecin de son geste. Il est très probable que cette phase pilote se fera sur certaines régions et pas d'emblée au niveau national. Ces régions seraient choisies selon des critères précis : globalement, nous privilégierons celles qui affichent un faible taux de couverture vaccinale, une desserte médicale insuffisante, et qui expérimentent déjà le carnet de vaccination électronique.
Que vous inspire la réaction du syndicat de médecins MG France qui qualifie ce projet de « simpliste » ?
D'abord beaucoup de surprise. Nous avons d'ailleurs découvert fortuitement, à l'occasion d'une réunion, qu'une expérimentation de vaccination au cabinet du médecin sur la base d'un stock géré par la pharmacie était déjà en cours en région depuis plusieurs mois. De plus, plusieurs confrères pratiquent déjà ainsi, à savoir qu'ils se mettent d'accord avec le médecin pour permettre à certains de leurs clients de se faire vacciner directement au cabinet. Ce qui, au passage, n'est pas sans poser problème en termes de traçabilité… Quoi qu'il en soit, le pharmacien n'a pas à faire le travail de gestion de stock pour le prescripteur. Institutionnaliser la gestion du stock de vaccins pour un médecin poserait de nombreux problèmes : les lourdeurs administrative et comptable et l'écueil du compérage.
Au-delà de cette réaction, je veux rassurer les pharmaciens et leur redire que dans tous les pays où les officinaux vaccinent, ce n'est jamais à 100 %. Généralement, ce sont d'abord 20 à 30 % des officines qui participent à la vaccination, puis ce taux augmente progressivement pour atteindre 50 ou 60 %, voire plus. On le sait, tous les pharmaciens n'iront pas, ils n'ont pas toujours le local, ils n'en ont pas forcément envie. Nous n'attendons pas les 100 % de participation et cela ne pose aucun problème.
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