LE QUOTIDIEN DU PHARMACIEN.- Votre étude statistique sur l’économie des officines en 2011 fait apparaître une stabilisation du taux de marge commerciale, dans la continuité de ce qui avait été observé en 2010. Doit-on en conclure que le taux de marge est arrivé à son point bas ?
PHILIPPE BECKER.- Il est toujours difficile de répondre à cette question, tant les paramètres qui influent sur le taux de marge du médicament remboursable sont nombreux. Disons que le développement des médicaments génériques joue un rôle non négligeable dans l’inversion de tendance, mais il y a d’autres facteurs qui jouent aussi. Notamment, le fait qu’il y ait eu peu de nouvelles molécules sur le marché a réduit l’arrivée de produits chers à plus faible marge. Chaque officine a son histoire et, pour être pertinent, il est judicieux d’exploiter les données internes pour avoir une explication satisfaisante. Enfin, il ne faut pas oublier que le taux global de marge intègre aussi les ventes à marge libre.
Cette stabilisation du taux de marge est donc plutôt une bonne nouvelle ?
CHRISTIAN NOUVEL.- C’est effectivement une évolution positive qui semble se confirmer après de nombreuses années de baisse. Mais là encore, il faut analyser les choses avec prudence car, du fait de la très faible évolution moyenne de l’activité, en valeur absolue la marge en euros ne bouge plus alors que les charges progressent au minimum du montant de l’inflation. On constate même un recul d’activité pour 47 % des pharmacies sélectionnées pour notre étude, qui ont vu leur chiffre d’affaires baisser en 2011. À l’évidence, le problème des officines s’est déplacé du taux de marge vers le taux d’évolution du chiffre d’affaires !
Vous insistez, dans vos commentaires, sur l’impact de la coopération commerciale qui, selon votre analyse, devient le facteur d’équilibre de tout le modèle économique. N’y a-t-il pas là un danger latent ?
PHILIPPE BECKER.- Nous faisons des constats « basiques ». En 2011, selon les chiffres que nous avons exploités sur 532 officines, la coopération commerciale a progressé de 52 %, passant d’une valeur annuelle moyenne de 19 000 euros à 29 000 euros. Ce produit d’exploitation complémentaire, qui rémunère l’action des pharmaciens pour promouvoir les génériques, représente désormais 1,9 % du chiffre d’affaires, soit presque 20 % du bénéfice moyen ! Pour beaucoup d’officinaux qui ont des charges de remboursement, c’est ni plus ni moins que leur « salaire » ! Maintenant, si la question est : « peut-on se passer de la coopération commerciale ? », la réponse est forcément non, compte tenu de ces constats.
Sauf peut-être à trouver d’autres modes de rémunération ?
CHRISTIAN NOUVEL.- Bien sûr, car ici nous faisons une approche strictement comptable et financière. Il ne nous appartient pas de dire s’il serait préférable de trouver un autre système ou de décréter quel serait le meilleur système de remplacement. Souvenons-nous simplement que selon les données communiquées dernièrement par le Conseil national de l’Ordre des pharmaciens, une pharmacie disparaît tous les trois jours actuellement. Cela signifie que la situation économique et financière n’est pas stabilisée. Si certaines mesures réduisent encore la rentabilité, cela va mécaniquement éliminer les officines les plus fragiles.
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