COMME LA PLUS belle fille du monde, François Hollande ne peut donner que ce qu’il a. Le jugement de la Commission européenne sous-entend qu’il est nécessaire en France d’augmenter encore les prélèvements obligatoires. Est-ce bien raisonnable, dès lors que l’adoption d’un certain nombre de dispositions suggérées par le rapport Gallois comprend des hausses d’impôt, il est vrai différées à 2014, mais aussi une nouvelle et large coupe dans la dépense publique ? François Hollande croit sincèrement qu’il y aura de la croissance en 2013, il y croyait avant le rapport Gallois. Il craint aussi, et c’est logique, que trop d’impôts tuent les créations d’emplois. Comme un funambule, il cherche l’équilibre entre réduction du déficit budgétaire et développement économique. Il sait déjà que diminuer de 20 milliards la dépense publique en 2013 va être une tâche atroce qui amputera quelques prestations sociales. Il n’a pas tort de refuser la guérison par la mort du malade.
L’objectif des 3 % n’en est pas moins une ardente obligation. On pourrait dire que parvenir à 2,80 % seulement ne serait pas la fin du monde. Là n’est pas la question. La France bénéficie de taux d’intérêt extraordinairement bas, les plus bas historiquement. Elle emprunte donc de l’argent à très bon marché et peut ainsi refinancer sa dette sans trop de difficultés. Si elle perd un crédit que les agences de notation lui contestent, mais qu’acceptent les prêteurs pour le moment, le coût de ses emprunts s’alourdira en conséquence et contribuera à l’augmentation du déficit public. Le gouvernement doit tenir parole à tout prix. Trois pour cent en 2013, c’est un slogan politique, une manifestation du sérieux français, une preuve de la rigueur et, au delà, du succès prochain de notre politique financière.
Entre le projet de loi de finance et les mesures adoptées mardi dernier par le gouvernement Ayrault, il est de plus en plus difficile, même pour les meilleurs comptables, d’établir les effets macroéconomiques des décisions qui ont été prises. On peut nourrir quelques doutes sur la capacité du gouvernement à ôter 20 milliards de la dépense. C’est pourtant ce qu’il y a de plus original dans la réforme, un peu improvisée, il est vrai, que lance le pouvoir. Parce que la diminution de la dépense représente la voie la plus étroite, c’est sur elle qu’il doit se concentrer. Cette tâche est infiniment plus complexe qu’une simple augmentation d’impôts qui démoralise les créateurs d’emplois. Elle n’est pas non plus sans conséquences, car elle appauvrit les bénéficiaires.
Des écueils.
Dans le plan de redressement adopté par Jean-Marc Ayrault et ses ministres, il y a donc des écueils, le premier étant qu’il risque de freiner la croissance. C’est pourquoi l’argument selon lequel la Commission européenne n’a pas pris ce plan en compte est à double tranchant. En revanche, les emplois d’avenir (le président a signé jeudi les premiers contrats) participeront à la croissance, même s’ils coûtent trop cher à un Ètat qui n’est riche que de ses dettes. Car l’autre obligation, c’est la lutte contre le chômage. Personne ne peut assister à des centaines de milliers de licenciements sans trouver la situation insupportable. À tel point que de nombreux élus de droite veulent signer des contrats de génération ou d’avenir dans les localités qu’ils représentent. Il y a un moment où la logique libérale devient excessivement cruelle et où le seul espoir, c’est l’État. Enfin, le revirement économique du gouvernement lui pose le problème de ses relations avec les communistes et, surtout, avec les Verts, qui sont représentés au sein de l’équipe de Jean-Marc Ayrault. Jean-Vincent Placé, sénateur EELV, se demande même ce que ses amis font au pouvoir. François Hollande lui-même, dans un entretien accordé à « Marianne », va jusqu’à envisager le départ des Verts, mais sans le souhaiter.
Entre ses hésitations, ses va-et-vient, ses changements de cap plutôt brutaux, le pouvoir ne donne pas une image claire de ce qu’il va faire et encore moins des effets attendus de sa politique économique et sociale. Mais en s’inspirant du rapport Gallois, il s’est engagé courageusement dans une voie que ses convictions semblaient lui fermer. Il n’est pas surprenant que le patronat lui ait apporté son soutien, fût-il mesuré. Il n’est pas productif de camper sur une doctrine quand l’intérêt du pays est en jeu et quand la Constitution nous donne une majorité pour cinq ans. On peut toujours discuter, contester, ou poser des questions. L’essentiel est que le gouvernement, surtout s’il parvient à éclairer le débat en cours, s’achemine simultanément vers un peu de croissance et un déficit contenu à 3 %.
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