Depuis l'affaire Weinstein, le féminisme a accompli des progrès considérables dont il faut se féliciter, même si divers scandales continuent d'éclater, par exemple, parmi tant de catégories professionnelles, dans le journalisme. A la prise de conscience des injustices innombrables infligées aux femmes par des hommes qui ont du pouvoir et en abusent, a succédé l'explosion du mouvement féministe, alimentée par d'aussi nombreuses révélations et par des hommes plus lucides, notamment dans la classe politique, qui ont décidé de prendre des mesures, comme la parité dans les assemblées représentatives et la chasse aux abus de langage et aux agressions sexuelles, pour assurer le droit des femmes à l'égalité.
Certes, le chemin est long et parsemé de haies difficiles à franchir. Les femmes deviennent des mères de famille, ce qui alourdit leurs tâches quotidiennes et les empêchent encore de conduire leur carrière avec efficacité. La recherche de leurs droits inquiète les hommes, y compris ceux qui s'affichent comme les plus féministes, tout simplement parce qu'ils ne parviennent pas à se convaincre qu'ils sont prêts à partager les tâches domestiques et d'éducation traditionnellement accomplies par les femmes. Les nouvelles générations masculines, cependant, ne sont pas choquées par ce projet de partage, peut-être parce qu'à la notion de carrière a succédé celle de l'équilibre familial et que de jeunes hommes se sentent prêts à s'occuper de leurs enfants tandis que leurs épouses ont une ambition professionnelle plus forte que celle de leurs maris.
Mais nos sociétés contemporaines ne comprendront jamais pourquoi il faut accorder aux femmes les mêmes chances qu'aux hommes si elles n'admettent pas la supériorité intellectuelle des femmes. Je le dis ici avec d'autant plus de sincérité que je ne suis pas favorable aux efforts maniaques de celles qui, au nom du féminisme, veulent changer le langage et y mettre des formes grammaticales artificielles uniquement pour indiquer dans chaque mot la présence de la féminité. Ce n'est pas par des artifices lexicaux que les femmes se libèreront des carcans conventionnels mais par le rappel constant de leurs droits et par l'affirmation de leurs compétences.
Féminité ne veut pas dire faiblesse.
Les femmes savent tout faire. Elles ont déjà prouvé qu'elles ne sont étrangères à aucun métier. Elles sont enseignantes, médecins, infirmières, pilotes de ligne, soldates, animatrices de télévision, et j'en passe. Elles font des études parfois plus poussées que celles des hommes et si elles ne parviennent pas au sommet de l'échelle, c'est parce qu'on ne s'habitue pas encore à les voir dans des rôles de ministre ou de P-DG, alors qu'elles ont démontré sans coup férir qu'elles occupent ces postes avec efficacité.
Féminité ne veut pas dire faiblesse, ni même douceur, et l'Histoire a montré que les femmes ne font pas moins la guerre, qu'elles expriment leurs revendications avec autant d'animosité que les hommes et qu'elles sont capables d'épouser, comme on l'a vu avec le terrorisme, les causes les plus violentes et les plus nihilistes. Si elles apportent un plus à l'humanité, c'est dans la mesure où, d'une façon générale, elles sont moins narcissiques et moins pontifiantes que les hommes, que leur sens pratique et leur pragmatisme sont plus développés. Non seulement il y a des carrières où elles font merveille, depuis le journalisme jusqu'à la médecine, mais il n'y a pas de métier qui leur soit interdit « pour cause de genre ». Il existe un certain nombre de métiers, dans l'éducation ou à l'hôpital, par exemple, où il me semble évident qu'elles finiront par assurer la totalité des effectifs, sauf si, alarmés par leurs triomphes, les hommes se mettent à exiger, à leur tour, la parité.
On n'en est pas là, de même qu'on n'en viendra pas au moment où le sexisme s'inversera, les femmes se livrant à des agressions contre les hommes, ce qui n'est pas souhaitable, pas plus que vraisemblable, tant que les gabarits masculins resteront plus larges que ceux des femmes.
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