Durant des décennies, il aura fumé et mangé sans compter et à toute heure, restant rétif à tout entraînement physique. À chacun de ses déplacements en province, cet hédoniste hors norme s'attablait dans les bistrots et autres brasseries où il avait plaisir à déguster ses péchés mignons : escargots, hachis parmentier, boudin noir, choucroute, poulet rôti… Grand amateur de bière mexicaine et de tête de veau ravigote, Jacques Chirac n'aurait manqué pour rien au monde son rendez-vous annuel au Salon de l'agriculture. Tranche de saucisson en main et verre de vin aux lèvres (même s'il préférait clairement la Corona), on l'y voyait tout à la fois rendre hommage au monde agricole et à la gastronomie régionale. Son penchant pour la bonne chère, et son appétit pantagruélique étaient connus de tous. « Tristesse d'apprendre le décès du Président Jacques Chirac, notre meilleur ambassadeur de la tête de veau, et grand amateur de produits tripiers ! », a ainsi tweeté la Confédération nationale des tripiers, le jour de sa disparition, rendant un hommage aussi décalé que sympathique à l'homme d'État. Pour son fidèle ami, Jean-Louis Debré, l'homme à la santé de fer a été durant des années une véritable énigme médicale. Jusqu'à ce triste 2 septembre 2005, où les lois de la médecine semblent rattraper l'ancien président, victime d'un accident vasculaire cérébral (AVC). C’est la première fois que Jacques Chirac est hospitalisé à cause d’une défaillance de son corps. Il lui reste 18 mois de mandat présidentiel. Le paradoxe médical s'effiloche lentement. Pourtant, le président semble ne pas comprendre (ou accepter) son nouvel état. En 2011, un rapport médical qui fuite dans la presse livre un début d'explication. On y évoque le diagnostic d'anosognosie, un trouble neuropsychologique qui empêche le patient atteint d'une maladie ou d'un handicap d'avoir conscience de sa condition. Ceci explique peut-être cela. Même après que son corps l'eut trahi, Jacques Chirac se pensait-il encore en pleine santé ? L'énigme médicale aura tenu jusqu'au bout…
Médecine
Le cas Chirac
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Publié le 30/09/2019
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Didier Doukhan
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Source : Le Quotidien du Pharmacien: 3544
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