Le Quotidien du pharmacien. - En juin dernier, six groupements nationaux, dont le vôtre, membres de Federgy, ont créé le C6, une structure de négociations intergroupements dont l’objectif principal est d’obtenir les meilleures conditions commerciales pour leur SRA et leur CAP respectives. Cette approche inclut-elle également la fonction logistique ?
Christian Grenier.- La dimension logistique transcende l’ensemble de nos activités, ne serait-ce qu’à cause de la problématique posée par la baisse du prix du médicament. Aussi, en ce qui concerne le C6, nous en avons en effet beaucoup débattu car les groupements concernés sont également à la recherche d’une solution logistique commune, entière ou en partie. À noter que deux groupements, Népenthès et Apsara ont déjà mis en commun leur communication.
Cette mutualisation de la logistique viserait à constituer un seul stock central, dont il conviendrait de définir la localisation, pourquoi pas chez l’un des membres du C6, afin bien entendu de limiter les stocks respectifs de chacun et de réduire le franco.
Pour les laboratoires, cette mutualisation ne pourrait représenter que des avantages car au lieu d’éclater leurs livraisons, ils réaliseraient ainsi des économies d’échelle. Enfin, en ce qui concerne le pharmacien, avec la dématérialisation, cette ubérisation de l’entrepôt du produit et du système de livraison lui importerait peu pourvu que son produit soit disponible dans les meilleurs délais. Quand on commande un produit sur Amazon, on se soucie finalement peu de l’endroit d'où il provient.
Notez-vous de manière générale un rapprochement entre les groupements motivé par la mutualisation de leur force logistique ?
Ces rapprochements se remarquent moins entre les groupements eux-mêmes, mais davantage entre les groupements et les grossistes-répartiteurs. Népenthès s’adosse ainsi désormais à Alliance Healthcare afin de bénéficier de ses activités de répartition, de short liner et de sa centrale d’achats pharmaceutiques (CAP). Un autre groupement national s’est quant à lui rapproché récemment d’OCP.
Nous sommes confrontés à une bataille qui se livre aujourd’hui sur la logistique avec la dématérialisation du produit. Avec pour critères de sélection non seulement le tarif mais aussi la rapidité et la disponibilité du produit. Ce constat n’est pas propre à la pharmacie, il est partagé par l’ensemble du commerce.
Quels sont les prérequis nécessaires à la mise en œuvre de tels rapprochements ?
Je pense que le succès d’un tel rapprochement dépend de la capacité qu’aura le groupement à disposer de son propre système numérique en amont, voire de se doter d’un concentrateur de commande qui fonctionne en PML (Pharma-ML), comme le concentrateur de 1/3 payant, c’est-à-dire comme un routeur de commandes aux laboratoires, aux plateaux pour obtenir les meilleures conditions.
Ceci est déjà le cas pour Népenthès qui détient un concentrateur fonctionnant avec tous les laboratoires et les répartiteurs. Nous allons aujourd’hui plus loin en intégrant prochainement le numérique et le « store » à l’outil de gestion. Toutefois, l’éclatement se fait à la source par le pharmacien qui, dans son logiciel, fera le choix du circuit. Ainsi si un produit est localisé dans cinq endroits différents, le pharmacien pourra arbitrer. En tout état de cause, avantage de taille, il n’aura pas besoin, ensuite, de ressaisir sa commande quand elle arrive.
Par ailleurs, nous serons capables de mutualiser les commandes et de déterminer une tête de pont. Le numérique, par la dématérialisation, va transformer la logistique, et le fonctionnement de l'officine.
Dans ces conditions, les groupements pourront-ils à l’avenir arguer d’un service logistique performant comme valeur ajoutée auprès de leurs adhérents ?
Je pense que les petits groupements auront des difficultés. Car à l’instar de ce que nous avons souffert, nous groupements nationaux, il y a quelques années alors que nous étions challengés par les petits GIE, ces derniers vont être concurrencés très durement par des acteurs, tels qu’Amazon, car ils ne disposeront pas des moyens numériques pour résister. Du reste, nous constatons qu’un certain nombre de GIE intègrent aujourd’hui Népenthès pour sa MDD, ses centrales d’achats, son offre numérique, le côté B to C (site, click & collect, Facebook, tablettes, bornes…) et bien entendu sa logistique.
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