Le Quotidien du pharmacien. - La transition épidémiologique n’apparaît-elle pas aujourd’hui comme un facteur dont il faudra de plus en plus tenir compte ?
Dr Ayden Tajahmady. - Ce concept désormais établi en santé publique décrit un changement avéré des profils des maladies. Les pathologies chroniques, qui ont un impact durable en termes de soins, prennent une place de plus en plus importante. Ceci est dû en partie à l’évolution des modes de vie, mais aussi au progrès médical et à l’amélioration des traitements. Des maladies qui évoluaient autrefois sur un mode aigu deviennent des problèmes de santé chroniques. À ce titre, l’exemple de l’infection à VIH est intéressant car les gains en termes de survie ont été obtenus sur une durée très courte de quinze à vingt ans. En un mot, on peut dire que cette transition épidémiologique est en partie la rançon du succès du progrès médical.
Une prévalence plus importante des maladies rares comme les MICI, est-elle à mettre aussi sur le compte de cette transition épidémiologique ?
On observe certes une augmentation de l’incidence de ces maladies de manière générale. Mais il y a également un aspect autre que celui purement épidémiologique. En raison de leurs nouveaux traitements, nous disposons aujourd’hui pour nos statistiques de nouveaux traceurs pour ces maladies. En un mot, nous les repérons mieux qu’autrefois dans nos bases de données.
Comment interprétez-vous la baisse sensible des dépenses liées aux traitements du cancer du sein et des maladies coronaires chroniques ?
Nous pensons qu’il y a, sur certains médicaments, un effet prix indéniable doublé d’un effet structurel, notamment dû au développement des génériques. Mais ces baisses peuvent également révéler des modifications de pratiques médicales, résultant notamment des actions de maîtrise médicalisée menées par l’assurance-maladie.
Par ailleurs, sur ces affections, on observe également une diminution des dépenses d’hospitalisation MCO* concomitante d’une augmentation des soins infirmiers à domicile, une tendance qui serait compatible avec le virage ambulatoire.
*Médecine-Chirurgie-Obstétrique.
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