DANS L’UNE de mes trois équipes actuelles, je me retrouve à travailler avec un nombre incalculable de préparatrices dont je commence à peine à mémoriser tous les prénoms, avec encore une confusion régulière entre deux jeunes femmes qui ont comme uniques points communs le fait d'être brunes, d'avoir des cheveux longs et d'être compétentes et efficaces, mais dont, pourtant, l'une est la sérénité personnifiée et l'autre un petit volcan de rébellion. Du côté du personnel administratif, elles sont moins nombreuses heureusement, avec une mention spéciale pour cette rigolote difficilement oubliable, affublée d'une obsession du lavage, d'une phobie de la contamination, de la souillure, de la salissure en tout genre, qui rend tout ce qu'elle fait assez extraordinaire.
Si je néglige le chef et son sous-chef, dont les bureaux se trouvent dans les étages dits supérieurs, je travaille en compagnie de sept pharmaciens, dont un seul élément masculin, plus ou moins égaré au milieu de toutes ces filles. Il existe une solidarité et une amitié certaines entre eux, ils se voient volontiers en dehors de l'hôpital, font des choses ensemble (bon, pas absolument tous ensemble, quand même, hein) comme aller à la piscine, ou au cinéma, ou au zoo avec leurs enfants, et organisent un repas annuel, en général en décembre, où tout le monde amène quelque chose à manger et à boire, et un petit cadeau.
Sauf que, ce coup-ci, le repas vient juste d'avoir lieu, faute de date convenant à tout le monde auparavant. Avec les congés, les services de garde, les enfants à faire baby-sitter, les conjoints déjà pris comme par enchantement ce soir-là, l'école le lendemain, et que sais-je encore, la date a été reportée régulièrement pendant deux bons mois, le lieu changeant lui aussi plusieurs fois, jusqu'au moment où l'on m'a dit que date et lieu étaient devenus « inamovibles ». C'était donc lundi dernier, dans l'appartement pittoresque d'une pharmacienne de l'équipe, avec quelques conjoints non-pharmaciens et quelques petits enfants accompagnant leurs parents.
Chacun avait apporté quelque chose : quiche, pizza, poulet épicé, crudités et anchoïade, biscuits salés, olives, cidre, vins français et italiens, fromages, glace coco, gâteau au chocolat, brochettes de fruits, cigarettes russes, jus de litchis, saké… La maîtresse de maison avait préparé une somptueuse soupe de légumes, avec des boulettes de viande et de l'orge perlé, pleine d'épices chaleureuses, un vrai délice. De mon côté de la table, on n'a presque pas parlé pharmacie, ce qui me paraît être un petit exploit, non ?
En arrivant, tout le monde avait déposé son présent anonyme dans un grand sac, et, avant de passer aux desserts, les enfants y ont plongé leurs petites pattes, distribuant les paquets au hasard (si on recevait celui avec lequel on était venu, on devait le refuser et proposer qu'il soit plutôt donné à son voisin par exemple). C'est ainsi que, en ouvrant mon cadeau, j'ai découvert une tablette de chocolat noir aux pépites de cerises, et un sachet de « mélange étudiant », mes chères études étant pourtant bien loin derrière moi. Quant à ce que j'avais apporté, un petit plateau en bois que j'avais peint en rose fuchsia et que j'avais décoré avec du papier de soie flower power, il a fort heureusement atterri sur l'assiette d'une jeune pharmacienne très girlie (et très indulgente) qui a semblé ravie…
Une soirée conviviale et gourmande, bien sympa, une bonne idée de fin d'hiver.
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