EN Y ALLANT la première fois, je savais déjà qu’on allait devoir prendre l’ascenseur pour descendre. Déjà, je n’aime pas trop les ascenseurs. Ensuite, pour entretenir ma forme, j’ai l’habitude de préférer les escaliers. Alors, quand il s’agit de descendre, ça me paraît un moyen de transport complètement à côté de la plaque. Mais, bien sûr, quand elle est venue me chercher à l’accueil où je l’attendais, elle m’a dirigée vers l’ascenseur, et nous sommes descendues au moins deux, c’est l’étage le plus bas. Mais enfin, quelqu’un pourrait-il m’expliquer pourquoi la pharmacie d’un hôpital ou d’une clinique se trouve presque invariablement au sous-sol ? C’est pareil à Rennes, à Salon, à Nice, à Poissy, à La Rochelle, à Valenciennes, à Grasse, mais aussi à Rabat ou à Bruxelles… Pourquoi, hein ?
Personnellement, je n’ai pas d’explication, ou plutôt je préfère ne pas en avoir, quand je m’aperçois que la pharmacie se trouve à côté des réserves de produits de nettoyage, dans le même couloir glacial que les vestiaires/toilettes/douches, et à deux portes de la morgue… À notre deuxième rendez-vous, c’est moi qui ai travaillé, avec son aide bienveillante, pour préparer ce remplacement qui allait lui permettre de prendre quelques vacances. Il y avait tellement d’informations à assimiler que je n’ai pas réussi à retenir par quel circuit nous étions arrivées à l’administration, puis dans le service du plus un. J’essayais bien de trouver des repères, mais on est allé au moins un par un autre ascenseur, et retour au moins deux par une sorte de miracle, inexplicable pour moi.
La semaine d’après, j’étais lâchée, toute seule. J’ai récupéré à l’accueil le bip et le trousseau de clés. J’ai peut-être oublié de préciser que je n’ai aucun sens de l’orientation, non ? Donc, direct, je suis partie du mauvais côté du couloir, mais je m’en suis aperçue rapidement, et j’ai réussi à retrouver le fameux ascenseur. Moins deux. J’ai beaucoup transpiré, ce premier après midi en solo, tout était pratiquement nouveau pour moi, même si j’avais déjà un peu fait connaissance avec le programme informatique et les différentes procédures. Réception, contrôle et rangement des commandes en direct, édition des listes de médicaments à fournir a minima aux services, édition des listes des présents, des entrants, des montants de dépenses des sortants à apporter à l’administration avec les factures des labos et du grossiste, montée dans les services, vérification des dotations, récupération des cahiers de demandes spéciales, descente au moins deux avec les caisses vides, remplissage nominatif et de la dotation, commande chez le grossiste, remontée dans les services pour déposer les caisses pleines…
Répondre au téléphone, donner des pansements pour la cuisine, trouver les bandelettes urinaires pour la détection de cannabis, tout me changeait du labo de fabrication où tout se fait pratiquement au même endroit et où, surtout, je travaille avec une équipe. Mais le pire, c’était de me déplacer dans cet établissement qui n’a, heureusement, que quatre niveaux. Retrouver l’ascenseur a été une épreuve, j’ai demandé mon chemin une bonne dizaine de fois, mais je ne me suis presque pas perdue. Bon, maintenant ça va beaucoup mieux, je ne demande plus rien à personne, je fais ma route d’un air dégagé et professionnel à la fois, et j’arrive à boucler mon travail dans le temps qui m’est imparti (c’est-à-dire : payé).
Du coup, j’utilise en permanence les ascenseurs, qui me sont devenus familiers, pour monter et pour descendre, parce que je n’ai encore jamais eu le temps de me mettre à la recherche des escaliers. Mais qui sait, je serai peut-être capable, avant la fin de ce remplacement, de descendre au moins deux en marchant.
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