DE LA SIMPLE RECOMMANDATION de logiciels leaders jusqu’à la création d’un soft à part entière en passant par des programmes internes, les ambitions de groupements illustrent la variété de leurs positionnements sur les stratégies à mener dans le domaine informatique. Tous reconnaissent a minima l’importance d’utiliser les atouts des hautes technologies pour renforcer leurs spécificités en tant que groupements. Ne serait-ce qu’au niveau des commandes directes puisque leur puissance d’achat est la justification même de l’adhésion de leurs membres. Mais la gestion des commandes directes existe déjà chez les officines qui disposent pour la plupart d’un logiciel de gestion acheté chez un éditeur spécialiste de la pharmacie. D’où la question qui leur est posée d’emblée : comment proposer des outils informatiques face à ce que font déjà les éditeurs ? Il y a autant de réponses que de groupements et sans doute d’enjeux. Certains préfèrent se limiter à des applications qui ne concernent que la communication interne aux groupements et laisser le champ libre aux éditeurs, d’autres préconiseront l’usage de logiciels leaders mais l’encadreront, à l’instar du groupe PHR, d’autres enfin considèrent essentiel « d’être autonome sur un outil aussi stratégique que l’informatique » comme le souligne Michel Le Hir, gérant de Pharmavision, du groupement Giphar. Ce dernier est quelque peu atypique dans sa démarche puisque cela fait dix ans déjà qu’il dispose d’une équipe de spécialistes et développe son propre logiciel, avec toutes les fonctionnalités nécessaires à la gestion d’une officine : gestion des commandes, des stocks, du tiers-payant etc… La différence avec les éditeurs ? Le prix. « Pharmavision est une coopérative et propose son logiciel à un tarif adéquat, c'est-à-dire à prix coûtant » explique Michel Le Hir.
On recommande et on encadre.
La qualité des logiciels n’est jamais mise en cause par les groupements. La plupart du temps, ils recommandent ou référencent un ou deux éditeurs (Alliadis et Pharmagest le plus souvent, mais aussi Winpharma parfois), en laissant plus ou moins de marge de manœuvre à leurs adhérents. Cela n’exclut pas une certaine méfiance, qui, quand elle existe, se manifeste sur deux plans. Le premier est commercial. Le groupe PHR par exemple, précise d’emblée qu’il « n’a aucune légitimité à développer un logiciel » selon son président, Lucien Bennatan. PHR, qui travaille avec Pharmagest, dispose néanmoins d’une cellule pour conseiller les adhérents sur les conditions commerciales et les contrats qui leur sont proposés par l’éditeur, avec l’aide d’un juriste afin notamment de vérifier « que les contrats ne soient pas iniques. » Le second point qui suscite la méfiance de certains groupements est le souci de l’indépendance. « 80 % du marché appartient à deux éditeurs » souligne Claude Rémy, président d’Alrheas, « et plus on rentre dans leur système, moins il est facile d’en sortir » regrette-t-il. Le groupement se propose d’allumer des « contre-feux », et il l’a fait en travaillant sur un logiciel de communication indépendant, Canal Direct, qui permet aux groupements d’envoyer des informations à leurs membres directement sur leurs écrans. Cela concerne tout type d’information, invitation à une formation, des nouveautés de laboratoires, des bons de commande, des alertes sur tout sujet, sans que le pharmacien n’ait à se connecter sur une messagerie en particulier. Un logiciel auquel d’autres groupements s’intéressent, si l’on en croit Claude Rémy. « Nous ferons certainement des choses ensemble », ajoute-t-il. Pour le président d’Alrhéas, disposer d’outils communs face à la concurrence européenne qui vient sera indispensable. Une façon en tout cas de montrer que les groupements savent coopérer quand c’est nécessaire.
Les groupements attentifs à l’ergonomie.
Les outils proposés par les groupements à leurs adhérents vont naturellement dans le sens d’une amélioration de leur travail commun, en fonction de ce qui existe, ou pas, chez les éditeurs. La communication directe comme le fait Alrhéas est répandue, le groupe PHR, notamment pour ses enseignes Vyadis et Pharma Référence, Optipharm et d’autres groupements l’utilisent volontiers pour une plus grande proximité avec leurs adhérents. Laquelle passe aussi beaucoup par Internet, objet de toutes les attentions. Les groupements font de plus en plus attention à l’ergonomie de leur site, Pharmactiv par exemple procède actuellement à une refonte du sien « à l’image des sites boursiers » explique Julien Berquet, responsable de la communication au sein du groupement, « avec plus d’informations sur la page d’accueil ». Ce n’est pas qu’une question d’apparence, le web est le lieu où il est possible de créer des applications Intranet originales pour une communauté d’officines liées par les mêmes intérêts. Pharmactiv a ainsi développé une application intéressante, « market place », une place de marché électronique avec un système d’enchères inversées. « Il s’agit de proposer sur un produit un certain volume d’unités qui s’il est commandé par nos membres sera disponible à un prix préférentiel » explique Julien Berquet. « Si le volume en question est atteint, le marché est conclu et le groupement l’achète à ces conditions puis refacture à chacun de ses membres. » Ces opérations concernent plus particulièrement les produits à forte rotation, des sérums physiologiques par exemple, des solutions antiseptiques, des brosses à dents… Cela permet notamment aux pharmaciens de proposer plus volontiers des offres promotionnelles ou des prix d’appels intéressants à leurs clients, ajoute Julien Berquet. Internet est aussi le moyen pour les groupements d’offrir à leurs adhérents la possibilité de créer leur propre site (chose encore relativement peu développée par les éditeurs), comme le fait Pharmactiv, mais aussi Alrhéas qui travaille sur la possibilité de fournir ultérieurement le moyen de créer des sites marchands à la demande des adhérents.
Pouvoir se comparer à l’intérieur d’un réseau.
Autre élément clé de l’informatique des groupements, la gestion des statistiques. « Cela permet entre autres de se comparer à l’intérieur d’un réseau et de se situer par rapport aux données relatives aux achats, à la vente, aux prix pratiqués par les adhérents » explique Lucien Bennatan. « C’est fondamental pour un groupement de récupérer les données des adhérents afin de mieux négocier avec les laboratoires », renchérit Julien Berquet. Pharmactiv a choisi de faire appel à un logiciel indépendant, OSPharm développé par la coopérative Ospharea. « Son avantage est de pouvoir se plugger sur les logiciels existants et en extraire les données » souligne Julien Berquet. Un avantage qui permet à OSPharm de s’imposer comme un acteur à part entière sur ce marché de la statistique officinale. « Un administrateur de la coopérative avait développé cette application qui se positionne aujourd’hui clairement comme un concurrent de Pharmastat (développé par ASP Line, N.D.L.R.) » affirme Philippe Desrousseaux, directeur d’Ospharea. Derniers types d’applications que les groupements cherchent à maîtriser, celui de la communication sur le lieu de vente : c’est aussi par souci d’indépendance vis-à-vis des éditeurs et des laboratoires qu’ils proposent des écrans et des programmes d’animation audio et vidéo. C’est le cas notamment de Giphar et d’Alrhéas. Le e-learning, encore balbutiant, retient aussi l’attention des groupements.
D’une manière générale, les groupements favorisent d’une certaine manière l’innovation informatique car ils cherchent les outils les plus adéquats pour renforcer la performance de leurs adhérents. Soit ils les développent eux-mêmes, mais le plus souvent, ils créent un appel d’air dans lequel s’engouffrent des entreprises ou même des coopératives autres que les éditeurs traditionnels spécialisés dans l’officine.
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