La dernière formation organisée par notre association avait pour thème : l’hospitalité. Parmi les nombreuses citations rappelées par notre intervenant Joël Ceccaldi, médecin et directeur du Centre aquitain de bioéthique, citons cette phrase de Louis Pasteur : « Je ne te demande pas quelle est ta race, ta nationalité ou ta religion, mais quelle est ta souffrance. » Voici bien une invitation proposée à tout soignant pour le faire passer d'une préoccupation simple envers tout homme à une considération plus large à l’égard de tout l'homme. Dans nos officines, là où la déontologie demande de ne pas laisser seul(e) celui ou celle que nous avez accueilli(e), comment témoigner de notre sollicitude ?
D’abord réentendons ces paroles dites à l’officine ou au domicile : « Je me sens vidé, je n’ai plus le courage de vivre » ou « J’ai l’impression de ne plus être utile à grand-chose » ou encore « Je ne veux plus être une charge pour mes proches ». Ces paroles ne sont-elles pas comme des « perches » qui nous sont tendues pour que nous nous en saisissions et apportions le soutien attendu, chacun à notre manière ? Puis repensons aussi à celles et ceux qui ne s’expriment pas, mais dont les corps sont prématurément usés, parce que victimes du non-respect de leur dignité. Deux chercheurs, Jonathan Mann et Michael Marmot, ont d’ailleurs montré que l’absence de respect de la dignité est aussi néfaste pour la santé que les microbes et les virus !
Ces souffrances qui tentent de se dire ne peuvent être écartées d’un revers de main, car elles ont à voir avec un profond découragement, une réelle angoisse, une colère contenue… Elles réclament toute notre attention, de la même manière que nous ne sommes jamais indifférents à une plainte douloureuse. Cette détresse ne serait-elle pas l’expression d’un besoin « en creux », d’un manque d’ordre relationnel ? Quand existe un climat de confiance, ces sentiments de vide, d’injustice, de finitude et de confrontation au risque de mort ont besoin d’être livrés à un semblable apparemment disponible pour les recevoir.
Ces constats suscitent deux questions. La première concerne la crédibilité de notre profession. À l’heure où quelques pharmaciens se livrent à une « course à l’espace » pour ouvrir des officines de plus en plus grandes, notre réseau ne doit-il pas jouer la carte essentielle de l’hospitalité pour sa survie ? Et ne doit-elle pas entamer une réflexion au sujet de la spécificité de la « relation pharmacienne » ?
La seconde question a à voir avec le coût humain lié à cette prise en charge globale des patients. Le partage d’émotions avec la retenue qui s’impose, l’ajustement nécessaire pour recevoir ce que l’autre vient nous confier, l’acceptation de la part tragique de toute existence, tout cela n’est pas si gratuit ! Ces tâches ne sont pas exemptes de pénibilité, de consommation d’énergie, de questionnements intérieurs engendrant le doute sur ses compétences, sa posture et le sens de son implication. Aussi une telle bienveillance n’aurait-elle pas besoin de trouver des temps et des lieux de partage d’idées qui donnent à penser afin d’entretenir et approfondir notre souci d’autrui ?
Devoir au regard de la déontologie, vertu au regard de la philosophie, l’hospitalité ne peut qu’intéresser notre profession.
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