Ancien pharmacien-adjoint, le sémillant Charles Romier prévoyait de s’installer trois à cinq ans après la fin de ses études. Mais ses initiatives pour optimiser les achats des pharmacies où il travaille ont pris le pas. Car le sujet l’obsède. Comment remédier aux 3 000 euros de périmés annuels ? Comment obtenir des remises intéressantes pour garantir des prix publics corrects sans se retrouver avec 13 mois de stockage ?
Le manque d’encadrement de la rétrocession ne le satisfait pas. La solution apparaît lorsqu’il rencontre Ivan Mittler, qui termine ses études à la Toulouse Business School (TBS). Sur son idée, ils participent et réussissent un concours pour intégrer TBSeeds, l’incubateur de TBS, qui leur offre des locaux et structure leur entreprise. Celle-ci voit le jour en octobre 2015. Le projet passe à la moulinette de juristes. L’offre s’appuie sur la loi de modernisation de l’économie de 2008, qui assouplit la fréquence et la durée de déstockage ; elle est garantie 100 % légale. C’est ainsi que la plateforme de déstockage Le Comptoir des Pharmacies est lancée en janvier dernier.
De fortes remises sans les volumes
Les pharmaciens d’officine peuvent y acheter et vendre leurs produits : parapharmacie, médication familiale et médicaments vignettés. Stupéfiants, médicaments dérivés du sang et produits de la chaîne du froid sont exclus. Gratuite et sans engagement, la plateforme est accessible à tout pharmacien régulièrement inscrit à l’Ordre.
Sans minimum d’achat, les prix sont fixés par les vendeurs, les frais de livraison pris en charge par les acheteurs. La plateforme prend une commission de 3 % aussi bien aux acheteurs qu’aux vendeurs sur la transaction. Le service de livraison est confié à un spécialiste, Chrono Medical by Chronopost.
Le succès est au rendez-vous avec plus de 800 pharmaciens inscrits et des remises aussi élevées que ce que de grosses structures peuvent obtenir, mais sans obligation de volume. Plusieurs groupements de pharmaciens veulent intégrer la plateforme, un premier contrat a été signé avec Optipharm, qui va rapidement être imité. Un partenariat devrait voir le jour avec un répartiteur au premier semestre 2017, et déjà des laboratoires manifestent leur intérêt. En pleine expansion, Le Comptoir des pharmacies doit atteindre les 3 000 clients pour être viable à long terme, un objectif visé par Charles Romier dès fin 2017.
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