IL FALLAIT s’y attendre : en raison de la baisse des prix des médicaments et des prescriptions, la croissance de l’activité des officines a été très faible l’an dernier. Avec une progression de + 0,8 % en moyenne, « cette augmentation est la plus faible enregistrée depuis vingt ans », précise Joël Vellozzi, responsable national du réseau professions de santé de KPMG et coauteur de cette étude. Le chiffre d’affaires moyen des officines étudiées par KPMG* s’élève ainsi à 1 616 500 euros, avec, toujours en moyenne, 1,3 titulaire par officine. Globalement, près d’une pharmacie sur deux a un chiffre d’affaires en recul, et 10 % d’entre elles connaissent même en 2011 un recul de plus de 5 %. C’est surtout le médicament remboursable qui a stagné en 2011 : sa croissance n’est en effet que de 0,4 %, contre 2,6 % pour le médicament conseil et 2,1 % pour la parapharmacie. « Bien entendu, ce faible résultat sur le médicament à 2,1 % impacte la croissance de toute l’activité de l’officine, puisque le médicament remboursable représente en moyenne près de 79 % de l’activité globale des pharmacies », fait remarquer Joël Vellozzi. Autre point à noter : la taille des officines continue d’être un critère essentiel pour l’activité. En effet, les officines les plus importantes en termes de chiffre d’affaires (plus de 2 200 000 euros) sont celles dont l’activité progresse le plus (+ 2,2 %), alors que cette évolution est à l’inverse négative (- 0,4 %) pour les petites pharmacies faisant moins de 1 100 000 euros de chiffre d’affaires.
La marge en hausse.
Si l’activité a donc été particulièrement atone en 2011, les chiffres enregistrés par KPMG sur la marge commerciale, en revanche, sont plutôt bons. La marge moyenne en valeur augmente en effet de façon notable (+ 2,6 %), soit bien plus que la progression du chiffre d’affaires, et le taux moyen de marge (après retraitement des remises et autres ristournes commerciales) progresse sensiblement pour s’établir à 29,3 %, contre 28,8 % en 2010. « Ce résultat est appréciable car c’est la marge en valeur qui permet de faire face aux charges et aux frais généraux de l’officine », ajoute Joël Vellozzi. Mais, bien entendu, on observe aussi des dispersions importantes sur ce point entre les pharmacies : 10 % d’entre elles ont un taux de marge inférieur à 26,9 %, 10 % également un taux de marge supérieur à 32 %, et 31 % connaissent un recul de leur marge en valeur. À noter toutefois que le nombre d’officines dont la marge en valeur recule en 2011 est nettement moins élevé que celui des officines dont le chiffre d’affaires régresse. En revanche, le taux de marge est homogène quel que soit le montant du chiffre d’affaires et la typologie de l’officine (rurale, urbaine ou de centre commercial). KPMG fait cependant remarquer que « les officines rurales décrochent légèrement sur leur taux de marge, comme d’ailleurs en termes de chiffre d’affaires ».
Ainsi, la marge est devenue le ratio de référence pour mesurer l’activité des officines, selon les spécialistes de KPMG. « L’augmentation du taux de marge en 2011 s’explique surtout par l’appréciation de la marge sur le médicament remboursable. Ce constat est lié à l’effet favorable du marché du médicament générique, dont le tassement observé depuis la fin de 2011 ne s’est pas encore fait ressentir sur les ratios des officines », explique Joël Vellozzi.
Les charges maîtrisées.
Les charges, quant à elles, restent relativement bien maîtrisées. Ainsi, la progression des frais de personnel (+ 1,6 % en 2011) est identique à celle de 2010. Certes, cette hausse est plus importante que celle du chiffre d’affaires, mais elle reste en deçà de l’évolution de la marge en valeur, d’où un gain de rentabilité en 2011. Par ailleurs, l’effectif salarié moyen reste stable en 2011, mais les temps de travail diminuent en moyenne de 2 %, alors que le coût horaire du travail, lui, augmente, en raison notamment de l’augmentation des cotisations sociales. Les charges externes (loyer, assurances, services bancaires…), de même, restent contenues (+ 4,8 % en 2011), mais elles pèsent toujours plus lourdement sur les petites officines en raison de leur caractère souvent fixe. À noter également que les pharmacies rurales ont le meilleur ratio de charges externes, en raison surtout de loyers moins élevés que dans les centres urbains ou les centres commerciaux.
Sur le plan de la rentabilité, l’étude de KPMG montre que le ratio moyen de performance commerciale et de gestion (PCG, qui mesure la performance économique globale de l’officine) progresse de façon significative en valeur, en 2011, avec une évolution de + 3,8 % par rapport à l’année précédente. Rappelons que pour les experts de KPMG, ce ratio est le plus pertinent pour mesurer la rentabilité des officines, puisqu’il fait abstraction des cotisations sociales du ou des titulaires et du mode d’imposition de la pharmacie. La progression de ce ratio en 2011 s’explique par l’augmentation de la marge en valeur ainsi que par la maîtrise des principaux postes de frais, et notamment des frais de personnel. Ainsi, sur le nombre d’officines étudiées dans l’échantillon retenu par KPMG, près de 65 % ont une performance commerciale et de gestion qui s’améliore en valeur. Pour être justement apprécié, ce ratio doit toutefois prendre en compte le nombre de titulaires : il est par exemple de 13,4 % avec un titulaire dans l’officine, de 15,5 % avec deux titulaires et de 17,1 % avec trois titulaires et plus. Et il faut également faire des différences suivant le niveau de chiffre d’affaires et la typologie de l’officine, les pharmacies rurales dégageant, comme les années précédentes, un ratio de performance commerciale plus élevé que celui des pharmacies situées en zone urbaine.
Maintien du résultat et de la trésorerie.
Au niveau des résultats dégagés, l’année 2011 est donc moins mauvaise que ce que l’on pouvait craindre (et même meilleure qu’en 2010), puisque le taux moyen de résultat rapporté au chiffre d’affaires est de 6,7 %. Mais ce taux doit être apprécié en fonction du régime fiscal de l’officine : il est de 7,8 % pour les pharmacies à l’impôt sur le revenu (soit un résultat moyen en valeur de 119 500 euros), et de 4,8 % pour les officines à l’impôt sur les sociétés (soit un résultat moyen de 85 600 euros). Mais, globalement, le résultat augmente en 2011 pour l’ensemble des catégories de pharmacies. À noter enfin que les trésoreries des officines restent également positives en 2011, et augmentent même légèrement par rapport à l’année précédente, avec un solde de 64 500 euros en moyenne. « Même si environ 15 % des officines continuent d’avoir une trésorerie négative à la fin de l’exercice, les structures financières des officines restent saines dans leur très grande majorité », remarque Joël Vellozzi.
Au vu des chiffres de cette étude, au total, les résultats des officines en 2011 ne semblent pas mauvais. « Il faut le dire et sortir du discours catastrophique ambiant, sinon il n’y aura bientôt plus assez d’étudiants en pharmacie pour s’orienter vers la filière de l’officine, et plus assez d’acquéreurs pour les pharmaciens qui souhaitent céder leur pharmacie », conclut le spécialiste de KPMG.
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