Questions sur ordonnance

Mme N., 39 ans

Par

Publié le 04/02/2019

Article réservé aux abonnés

Mme N., consomme plus de 20 cigarettes quotidiennement et a la ferme volonté d’arrêter de fumer. Elle tente une nouvelle fois un sevrage car ses précédents essais, dont deux à l’occasion de grossesses, ont échoué. Jusqu’alors, elle n’a eu recours qu’à des gommes ou à des patchs. L’addictologue a prescrit une association temporaire d’un TSN et de bupropion, possible mais dont la pertinence n’est pas démontrée.

Nicotinell TTS 21 mg/24h 1 patch/j

Zyban 1 cp/j à 8 heures pendant 6 jours, puis 1 cp à 8 heures et 16 heures

Symbicort Turbuhaler 400/12 µg 2 inhalations chaque jour

Traitement pour un mois

Prochain RV dans un mois

Quels principes actifs ?

Le patch (Nicotinell) réalise un apport substitutif en nicotine. Le dosage en alcaloïde et l’amplitude de la couverture du nycthémère dépendent du degré de dépendance du fumeur : Mme N. se réveillant la nuit avec une irrépressible envie d’allumer une cigarette, il est important de couvrir la période nocturne.

Le bupropion (Zyban) est un psychostimulant, indiqué comme aide au sevrage tabagique accompagné d’un soutien de la motivation. Il renforce le tonus dopaminergique dans les régions limbiques et limite les effets du sevrage. Sa fonction antidépressive améliore la thymie d’un patient qui, souvent, éprouve des difficultés à faire le deuil de sa pratique.

Associant un corticoïde (budésonide) et un bêta-2 mimétique d’action prolongée (formotérol), Symbicort est prescrit, depuis un an maintenant, comme traitement de fond de la bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) dont souffre la patiente.

Y a-t-il des insuffisances et des interactions ?

Il n’y a pas d’interactions. La nicotine substitutive ne modifie pas la cinétique du bupropion.

Et les posologies ?

En général, l’administration de Zyban précède de quelques jours l’arrêt effectif du tabac. Le traitement est institué à dose progressive : 1cp/j pendant 6 jours, puis 2cp/j en deux prises espacées d’au moins 8 heures. Ici, Mme N. va arrêter le tabac, auquel sont substitués les patchs. Elle prendra donc du Zyban pendant 7 à 9 semaines, associé au TSN dont la dose sera progressivement réduite, avec surveillance étroite de la tension artérielle (des cas d’hypertension ont été rapportés lors de cette association). Elle pourra ensuite arrêter tout traitement, mais le risque de « rechute » restera important dans les premiers temps.

Votre conseil ?

Les comprimés de Zyban s’avalent entiers (forme LP). Les patchs sont appliqués sur une peau sèche et propre, en changeant chaque fois le site d’application et en se lavant les mains après manipulation.

Mme N. étant motivée, il importe de soutenir son sevrage, qui constitue un véritable travail de deuil du tabac, en lui rappelant notamment que les risques du tabagisme sont réversibles, quelle que soit la consommation antérieure (ainsi, la diminution du risque relatif est de 50 % après un ou deux ans de sevrage pour les pathologies cérébro-vasculaires, etc.).

Nicolas Tourneur