S’appuyer sur des exemples vécus au quotidien, comme des patients qui oublient ou modifient d’eux-mêmes une prise de médicaments. « Les gens dans
la salle souriaient, mais beaucoup se sentaient concernés », note Sandrine Lugand. Avec ses confrères Camille Coquemont et François Lanoë, les pharmaciens de Retiers (Ille-et-Vilaine) ont participé à une rencontre publique sur la maîtrise de la prise de médicaments pour les personnes de plus de 65 ans, et le risque de iatrogénie.
L’initiative est venue de François Lanoë, adjoint à l’officine paternelle, et a été concrétisée par le Centre local d’information et de coordination (CLIC) de la Roche-aux-fées, avec le centre communal d’action sociale (CCAS) de Retiers. Les CLIC d’Ille-et-Vilaine, émanations de la Maison des personnes handicapées (MDPH), accueillent et orientent les plus de 60 ans, les aident dans leurs recherches d’aides, de renseignements et de droits. Lors de cette soirée, à la mi-juin, un médecin gériatre a commencé par présenter les médicaments, leurs effets indésirables, ce qui concerne leur prise, etc. Benoît Tessé, généraliste à Retiers, a ensuite exposé la iatrogénie médicamenteuse, ses effets et jusqu’à l’hospitalisation.
Questions concrètes au comptoir
« Nous avons présenté les questions concrètes que nous rencontrons à l’officine vis-à-vis du patient, explique Sandrine Lugand, titulaire à Retiers. Comme celle de la rupture d’un produit et son remplacement par un autre, ce qui entraîne un changement de boîte, et donc de repère pour le patient, ou encore l’énorme facteur de risque qu’est l’automédication, qui concerne autant le complément alimentaire qu’un comprimé de Doliprane, dont on ne parle pas au médecin. Aucun médicament n’est anodin, pas même une plante, dont on aura lu les effets bénéfiques dans le magazine de Ouest-France. »
Pour cette consœur, tout acte pharmaceutique, tel qu’une délivrance, nécessite une explication afin que le patient comprenne son traitement. « On appelle très facilement le médecin depuis la pharmacie, à propos d’une ordonnance, on communique entre professionnels et cela aide. Mais la plupart des patients ne se rendent pas compte de ce qu’est un médicament. »
Adjointe à la pharmacie Lanoë, Camille Coquemont confirme cette observation : « Les patients n’ont pas conscience du risque qu’il y a à utiliser un médicament. Après cette soirée, je me rends compte de l’ampleur du boulot qu’il nous reste à faire ! Le quart des personnes âgées ne savent pas à quoi servent les médicaments qu’ils prennent. » « Les personnes âgées modulent d’elles-mêmes leur traitement, et ne le devraient pas, poursuit François Lanoë. On voit tous les jours de la mauvaise observance. »
Travailler ensemble
Pauline Bénard, coordinatrice au CLIC, s’avoue un peu « déçue » du faible public, une trentaine de personnes. Retiers compte 3 600 habitants. « Mais la prévention est un cheminement, il ne faut pas se décourager. Les personnes qui sont venues en parleront à d’autres autour d’elles, d’autant que les professionnels de santé, qui travaillent très bien ensemble ici, ont tenu des propos très vulgarisés alors que le sujet est très technique, ils ont tous pris le temps de mots simples. »
Tout le monde à Retiers sait que la iatrogénie entraîne un risque d’hospitalisation, notamment après 75 ans. Comme tous les professionnels, médecins et pharmaciens, la coordinatrice du CLIC reste très positive : « L’essentiel est de travailler ensemble, dit-elle. Il existe une dynamique exceptionnelle entre professionnels à Retiers, les jeunes notamment ont envie de travailler ensemble. On continue ! »
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