Nous sommes au début des années 1980, à Nancy. Thierry Chapusot, ingénieur informaticien, a créé une petite société spécialisée en informatique avec l'aide d'un camarade de lycée. Baptisée Rousseau, du nom de son cofondateur, l'entreprise n'emploie pas plus de 10 personnes. Modeste, elle ne sait pas alors qu'en un peu moins de 20 ans, elle va multiplier par cent le nombre de ses employés. Elle ignore également que l'événement qui va la propulser aux premiers rangs des fournisseurs de solutions high-tech liées à la santé est sur le point de se produire.
Quand, en 1984, le président d'un des syndicats de pharmaciens lorrains vient trouver Thierry Chapusot, c'est le destin personnifié qui frappe à la porte de la société Rousseau. La requête du représentant de la profession officinale a tous les aspects du défi : il s'agit de trouver un système qui facilite au comptoir le calcul du tiers payant instauré par les autorités de santé. Sans solution automatisée, l'acte de délivrance pourrait devenir fastidieux pour toute prescription. La demande est de taille pour la petite société, qui doit non seulement concevoir un outil capable de calculer le montant du ticket modérateur mais qui puisse aussi gérer tout le cycle que suppose le tiers payant, mise en lien avec la caisse d'assurance maladie et remboursement par retour. Mais Thierry Chapusot ne se laisse pas impressionner. Avec son équipe, il plonge au cœur du problème et en émerge avec une solution qui va transformer l'exercice officinal. Il nomme son logiciel Pharmagest, contraction de pharmacien et gestion, tout simplement. En même temps qu'il simplifie l'acte de délivrance, le nouvel outil va ouvrir la petite entreprise à toute une profession et à son mode de travail. Très subtilement, la structure prend le nom de l'invention qui va la rendre célèbre, désignant l'ampleur de ses capacités par son seul patronyme, Pharmagest.
Du back…
L'entreprise ne s'en tient cependant pas au seul système du tiers payant. Puisqu'elle a mis un pied dans l'officine, autant l'investir entièrement. De très nombreuses tâches incombent au pharmacien qui ne demandent qu'à être numérisées ! C'est la réflexion que se fait Thierry Chapusot après avoir constaté le manque de temps qui pèse sur les équipes et la variété des tâches qu'elles doivent assurer. Dès lors, Pharmagest va multiplier les fonctionnalités vouées à faciliter le fonctionnement de l'officine : gestion de l'ordonnancier, contrôle des interactions médicamenteuses, administration des crédits à la clientèle et des comptes clients… Pharmacie après pharmacie, les commerciaux Pharmagest visitent les titulaires et leurs équipes pour présenter leurs logiciels. L'ordinateur portable n'étant pas encore démocratisé, ils utilisent des computers miniatures venant tout droit des États-Unis pour faire leurs démonstrations. Très rapidement, les pharmaciens comprennent l'intérêt que revêt la micro-informatique. D'autant que Pharmagest propose d'équiper tous les postes du comptoir, se positionnant en pionniers du multipostes. Entre confrères, le bouche-à-oreille fonctionne à plein régime et les logiciels qui transforment leur quotidien bénéficient rapidement d'une grande notoriété. Après avoir conquis les pharmacies de Nancy, la marque devenue entreprise s'impose naturellement aux grandes agglomérations, Dijon, Lyon, Marseille (...) que desservent les autoroutes A6 et A7.
Pour Pharmagest, il ne s'agit que d'une étape dans son parcours aux côtés de l'officine. À peine celle-ci franchie que la seconde révolution technologique se dessine déjà. Elle visera, cette fois, la gestion de stock, prenant forme dès 1985-1986. À cette époque, les officinaux considèrent comme impossible de gérer un stock automatiquement. Une certitude fondée sur le fait que tous les médicaments ne disposent pas d'un code-barres. Qu'à cela ne tienne, Pharmagest met au point une méthode de reconnaissance des boîtes et transfigure la gestion du back-office. Simplifiées, accélérées, les fonctions clefs de l'officine passent peu à peu à l'ère numérique. Face à ces nouveaux outils, jamais le pharmacien n'est laissé seul. Le spécialiste en solutions informatiques explique, accompagne, intervient pour répondre aux interrogations, résoudre les bugs, relancer les systèmes grâce à une hot-line et un service de mise à jour des logiciels. Au moindre problème, les pharmaciens n'ont qu'à composer un numéro de téléphone pour voir leur demande prise en charge. Simplifier autant que possible la transition à l'outil numérique, c'est la philosophie de l'entreprise. Une attitude qui, plébiscitée par la profession officinale, va nourrir l'expansion de Pharmagest, passant d'une dizaine à plus de mille employés en une décennie. Il faut dire que l'entreprise ne cesse de proposer aux pharmaciens des solutions pour faciliter sa pratique au quotidien.
… au front office
Après le passage au tiers payant et la gestion automatisée des stocks, Pharmagest se penche sur la gestion des ventes directes en supprimant les caisses enregistreuses pour les remplacer par des logiciels adaptés. Si bien qu'à la fin des années 1990, la prise en charge informatisée du front office succède à celle du back-office. C'est alors que l'Internet et ses possibilités entrent eu jeu. Pour les informaticiens Pharmagest, il est impensable que l'officine ne profite pas de cette porte ouverte sur le monde. Dans cet objectif, ils développent un logiciel capable d'accueillir en direct des flux d'informations permettant de renforcer le conseil et la délivrance : base de données sur les vaccins, fil d'actualité de la profession, modules de formation, guides pratiques, fiches conseils (…) sont à portée de clic. Le logiciel de gestion à portail intégré (LGPI) est né ! Adaptable à chaque poste du comptoir, il équipera près de la moitié des officines du territoire avant 2010.
Durant la décennie suivante, Pharmagest, qui est devenu un groupe, va investir deux nouvelles voies. La première, dans une volonté de diversification, va orienter l'entreprise vers d'autres professions de santé. Un de ses quatre départements, la division e-Santé, se consacre ainsi à favoriser l'inter-professionnalité en plaçant le pharmacien au centre du dispositif de coordination des soins. Des solutions connectées et sécurisées, orientées vers le patient, sont ainsi mises à disposition des médecins, des infirmiers et des pharmaciens : mise en place d'une communication digitale à l'officine, passerelles numériques de santé et applications mobiles de suivi du patient, solutions de télé-suivi basées sur l'intelligence artificielle, accès aux objets de santé connectés des patients, hébergement et sécurisation des données de santé. En Lorraine, cet encadrement technologique a notamment permis d'améliorer la prise en charge des seniors encore autonomes et de sécuriser leur protocole médicamenteux au sein d'une coordination de professionnels de santé.
Une seconde voie d'investissement dans des solutions digitales centrées sur le patient mobilise également le groupe. Les piluliers, connectés (Do-Pill) ou manuels (Multimeds), illustrent bien cet engagement, sécurisant la personne qui n'a plus à se préoccuper de la préparation de son traitement gérée par son pharmacien. Autre outil du pharmacien voué à la santé du patient, le logiciel de suivi d'observance (LSO) permet d'encadrer le patient impliqué dans 4 programmes (AVK, asthme, bilan nutritionnel, observance). Il est ainsi possible pour le pharmacien de centraliser, d'organiser et de suivre l'évolution des données de chaque personne en l'aidant à comprendre sa maladie et son traitement, ce qui favorise l'observance. En Lorraine d’abord, et maintenant en Europe, cet encadrement technologique, avec l'aide de la box Noviacare également, a permis d'améliorer la prise en charge des seniors encore autonomes et de sécuriser leur protocole médicamenteux au sein d'une coordination de professionnels de santé.
L'attention est à nouveau portée sur l'individu grâce à la solution Offitéléconsult, un service de téléconsultation médicale qui met en relation patient et médecin sous la surveillance du pharmacien. Connecté à plus de 500 pharmacies et maisons de retraite (grâce à la filiale Malta), le système permet d'accompagner la personne jusqu'à la délivrance du traitement. Bien d'autres outils et services continuent d'être développés au sein d'un groupe qui a mis sa passion pour les nouvelles technologies au service de la santé. L'officine, qui constitue son cœur de métier, en est la première bénéficiaire.
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