Le Quotidien du pharmacien.- Vous imputez le ratio négatif de l’évolution de la performance commerciale et de gestion à la progression des charges, notamment celles de personnels. Quel diagnostic posez-vous ?
Joël Vellozzi.- La marge sur le médicament remboursable est en retrait. Les officines doivent néanmoins faire face à une augmentation de leurs charges de personnel. Les équipes au comptoir sont de plus en plus sollicitées notamment par la nécessité de développer le conseil lié à la dispensation et aux nouveaux services pharmaceutiques. Les titulaires doivent donc assurer une progression de la rémunération de leurs équipes. Dans ces conditions, la rentabilité est bien évidemment en recul.
Le taux de 11 % (contre 13 % en 2015) d’officines clôturant leurs comptes avec une trésorerie négative vous semble-t-il être un signal alarmant pour le réseau officinal ?
Les structures financières sont saines en moyenne. Mais les analyses de dispersion montrent des chiffres particulièrement préoccupants pour la population du décile inférieur, y compris en matière de trésorerie qui ressort négative pour au moins 10 % des officines. Rapporté au niveau national, cela représenterait donc plus de 2 000 pharmacies avec une trésorerie négative mettant directement en question la pérennité de leur exploitation. Les marges de manœuvre avec de tels chiffres en termes d’investissements (personnel, équipement, qualité) sont très faibles et risquent donc de compromettre leur avenir, particulièrement poles plus fragiles.
La fracture se creuse de plus en plus entre les pharmacies très faiblement endettées et celles ayant encore des emprunts très élevés. Quelles conséquences a, selon vous, ce phénomène ?
La fracture a surtout mis en évidence les difficultés des officines ayant emprunté pour acheter leurs fonds à des niveaux trop élevés. Celles-ci doivent avant tout redoubler de vigilance en matière de bonne gestion et se tourner vers leurs partenaires financiers avant que les difficultés deviennent insurmontables. Ils pourront ensemble, si la situation a bien été anticipée, envisager des mesures, notamment des emprunts de restructuration.
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