Le Quotidien du Pharmacien. Vous avez développé ONCORAL** avec le Pr Gilles Salles, chef de service d’hématologie clinique et le Pr Véronique Trillet-Lenoir, chef de service d’oncologie médicale des Hospices civils de Lyon. En quoi consiste cette plateforme ?
Pr Catherine Rioufol. Il s’agit du suivi des patients ambulatoires sous anticancéreux oraux, tous cancers confondus. ONCORAL est un programme d’éducation thérapeutique (ETP) centré sur la prise médicamenteuse pour les patients les plus à risque de développer un problème d’iatrogénie médicamenteuse. Dès la première prescription d’anticancéreux oral, ONCORAL établit le lien avec les professionnels de santé de premier recours par un courrier d’information. Nous appelons le pharmacien de ville désigné par le patient pour nous assurer de la disponibilité du médicament, et éviter plusieurs déplacements au patient. C’est aussi l’occasion de discuter avec le pharmacien sur le traitement du patient. Après cette première étape, le suivi se concrétise par plusieurs séances d’ETP. Le programme est réalisé à l’hôpital, à l’occasion de consultations déjà programmées avec le cancérologue, pour éviter des déplacements inutiles. Il s’agit de séances individuelles entre le patient, le pharmacien hospitalier et une infirmière, en lien avec le cancérologue. Ces séances portent d’abord sur le plan de prise médicamenteuse : les anticancéreux mais aussi les médicaments pour gérer les effets secondaires, et les autres médicaments prescrits en ville. Le patient doit comprendre comment intégrer l’anticancéreux dans la globalité de son traitement, respecter les horaires, parfois à distance des repas, etc. Les autres séances s’intéressent aux effets indésirables médicamenteux – comment les identifier, les gérer et les signaler – et à des mises en situation pour acquérir les bons réflexes en cas d’oubli de prise, de voyage avec changement de fuseau horaire, etc. Les informations délivrées lors des séances sont intégrées au livret patient, qui peut être consulté à tout moment par le patient, et nous l’encourageons à le présenter à son médecin traitant et à son pharmacien de ville.
Comment ONCORAL et le pharmacien d’officine travaillent-ils ensemble ?
Nous sommes en lien pendant tout le suivi du patient. Le pharmacien de ville est le mieux placé pour s’assurer de l’observance du patient, vérifier qu’il a présenté toutes ses ordonnances, nous alerter sur des antécédents… Ensemble, nous détectons des interactions médicamenteuses, y compris avec l’automédication et d’autres produits comme la phytothérapie. Cela peut nous conduire à proposer une modification de traitement au médecin. Chaque fois que nous sollicitons le pharmacien de ville, l’accueil est très favorable, il se montre participatif et en demande d’informations, tout comme le pharmacien hospitalier : c’est un binôme gagnant.
Quel recul avez-vous sur le fonctionnement d’ONCORAL et le travail conjoint avec le pharmacien d’officine ?
Sur la première année de fonctionnement, ONCORAL a suivi 203 patients. C’est beaucoup et cela a été possible parce que l’institut de cancérologie des Hospices civils de Lyon a donné les moyens d’exister à cette plateforme en la finançant. La plus-value d’ONCORAL est démontrée pour les patients : l’observance est améliorée et nous identifions une interaction médicamenteuse notoire chez un patient sur quatre. Un tiers de ces interactions aurait entraîné une perte d’efficacité de l’anticancéreux et un tiers aurait augmenté sa toxicité.
* Groupement Hospitalier Sud, l’un des 4 groupements des Hospices civils de Lyon (HCL), qui ont créé en novembre 2014 leur institut de cancérologie (IC-HCL), fédérant tous les acteurs de la cancérologie des HCL, et reposant sur un pilotage institutionnel, associant soignants et gestionnaires de l'hôpital.
** Plateforme ONCOlogique pluridisciplinaire pour les patients sous thérapie antinéoplasique oRALe.
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