Le Quotidien du pharmacien.- L'interdiction de vente aux mineurs n'aurait-elle pas été préférable ?
Pr Nicolas Authier.- Oui, cette interdiction pouvait sembler à première vue la solution à privilégier. Elle n’est néanmoins pas parfaite et pas toujours aisée à faire appliquer à l’officine. Il n’existe pas un mésusage des médicaments qui s’arrêterait à la majorité, et les mineurs côtoient fréquemment des jeunes majeurs. Par ailleurs, il n’est pas envisageable d’interdire l’accès de certains médicaments aux mineurs (ex : contraception d’urgence). Il faudrait pouvoir établir une liste de substances actives dont on souhaite restreindre l’accès aux sujets majeurs. Enfin, cette solution peut s’avérer très longue à mettre en place car elle nécessite une modification de la loi. Elle n’est donc pas non plus idéale face à un problème de santé publique. Comment justifier, en attendant, les nouveaux cas de dépendance et d’overdoses dans cette population particulièrement vulnérable ?
Quelles alternatives thérapeutiques le pharmacien peut-il désormais proposer pour répondre aux toux sèches ?
L’automédication s’adresse à des pathologies aiguës. Concernant la toux, beaucoup trop de toux grasses sont traitées à tort par des antitussifs. Les toux sèches aiguës idiopathiques restent rares. Avant de soulager le symptôme, rarement invalidant, il faut éliminer un certain nombre de diagnostics : RGO, infections (coqueluche, bronchite…), rhinorrhée postérieure, asthme, iatrogénie médicamenteuse (IEC, ARA2), tabagisme, allergie… Un avis médical avec une première prescription, qui pourra être renouvelée par le pharmacien, permet une prise en charge plus complète sans pour autant exclure le pharmacien de son rôle de conseil qui dépasse la seule délivrance et peut s’inscrire dans le dépistage des étiologies précédentes et des orientations qui en découlent.
Et face aux plaintes algiques ?
La douleur est un signe d’alerte dont l’intensité peut être associée à un critère de gravité (carie dentaire surinfectée, entorse d’apparence légère associée à une fracture, céphalées à répétition…). Une douleur aiguë qui ne céderait pas au paracétamol ou à l’ibuprofène, pourrait aussi légitimement bénéficier d’un avis médical pour être explorée en termes d’étiologie. Car toutes les douleurs ne relèvent pas d’un antalgique opioïde, qui est même parfois fortement déconseillé pour des douleurs dysfonctionnelles mais fréquentes comme la fibromyalgie ou la migraine. Le rôle du pharmacien, acteur de soins primaires, pourrait être d’essayer de discriminer les plaintes douloureuses qui relèveraient d’un avis médical ou d’une automédication. Finalement, un conseil officinal, tout comme une consultation médicale, ne devrait pas forcément se terminer par la dispensation d’un médicament, mais parfois par un conseil ou une orientation.
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