Les ruptures d’approvisionnement en médicaments sont de plus en plus nombreuses au comptoir et cela crée des difficultés croissantes pour les pharmaciens. Il y a eu 20 fois plus de ruptures en 2019 qu’en 2008 et 60 fois plus qu’en 2017 !
« Les industriels constatent un accroissement spectaculaire des ruptures et pas seulement en France », souligne Frédéric Jouaret, pharmacien responsable chez Merck Santé en France et membre du groupe de travail sur les ruptures au LEEM (Les entreprises du médicament). « Chez Merck par exemple, le Lévothyrox, qui permet de soigner 3 millions de patients en France, et le Préviscan, qui traite 500 000 patients, font partie des produits en difficulté d’approvisionnement du fait d’une augmentation de la demande mondiale, en particulier dans les pays émergents, due à un meilleur système de santé, explique-t-il. Nous observons un accroissement de la demande mondiale de l’ordre de 6 %, ce qui crée des tensions d’approvisionnement. C’est très impactant sur les produits matures de grande diffusion comme les nôtres. »
Augmentation de la demande mondiale
Pour lui, « la question des ruptures met en jeu une chaîne d’approvisionnement sur laquelle nous n’avons pas complètement la main ». Parmi les causes de ruptures identifiées, il cite « une augmentation rapide de la demande mondiale, la complexification de la chaîne du médicament et l’accroissement des exigences qualité et environnementales pour les fabricants de substances actives ou d’excipients. C’est pour la bonne cause, mais très concrètement ça cause des ruptures ». Il note que les industriels « n’ont pas tous les moyens de production et d’évaluation des besoins pour répondre à la demande pour tous les pays du monde qui peut croître ou non et être sujette à des aléas ».
Lorsque le risque est détecté en amont par l’industriel, « même en cas de déficience d’un acteur, nous pouvons développer une solution alternative, assure le pharmacien. Des sites temporairement fermés pour une mise à niveau, il y en a régulièrement… »
Exportations parallèles
La concentration de la production dans certains pays comme l’Inde et la Chine pose aussi problème, car elle rend les industriels dépendants d’un tout petit nombre d’acteurs. « Il y a parfois un site unique, ou seulement deux ou trois pour une substance active ou un excipient, souligne Frédéric Jouaret. Par exemple, un produit Merck est aujourd’hui en rupture car l’usine, pourtant française, a brûlé. Et l’excipient que contient le médicament est très spécifique. Il faut du temps pour mettre en place une source d’approvisionnement alternative. »
La mise à jour des réglementations environnementales, notamment en Asie, est également source de ruptures, de même que les mécanismes d’achats, par exemple les appels d’offres. « Si vous gagnez, vous devez fournir rapidement de grandes quantités, ce qui vous met en tension et peut être préjudiciable à votre capacité à fournir d’autres pays », note-t-il. Enfin, il peut aussi y avoir des aléas de la demande liés à des épidémies et à des catastrophes naturelles ou des mécanismes qui détournent le stock comme des exportations parallèles. « Dès qu’il y a un grain de sable, c’est très difficile à gérer », conclut Frédéric Jouaret.
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