LA LITUANIE, le plus grand des trois États baltes – bien que son territoire soit à peine plus grand que l’Irlande – fut longtemps connue comme le « pays de l’ambre », cette pierre lumineuse, résine fossile aux teintes extrêmement diverses, charriée par le ressac le long des plages brumeuses de la mer Baltique.
Récoltée par les anciennes tribus baltes depuis la plus haute Antiquité, la précieuse résine, qui servait de monnaie d’échange et d’élément décoratif, négociée à prix d’or, est encore aujourd’hui, à l’égal du chêne et de la cigogne, l’un des symboles forts de la nation lituanienne.
Sur la route de l’ambre, au confluent du Néris et de la Vilnia, cernée par les forêts de pins, Vilnius, est l’unique capitale d’Europe située sur les rives de deux mondes : les rives latine et byzantine. Citée dans les sources écrites pour la première fois en 1323, elle possède avec sa vieille ville le plus grand centre baroque d’Europe centrale et orientale. Inspiré de l’italien, le style baroque lituanien, que l’on retrouve partout dans les monuments, les palais et les nombreuses églises – plus de 40 – se mélange harmonieusement avec d’autres, comme celui de la gracieuse et aérienne église Sainte-Anne, chef-d’œuvre du gothique et de l’ancien monastère des Bernardins qui la jouxte. On retrouve des vestiges de l’époque Renaissance dans la grande cour de l’université – l’une des plus anciennes d’Europe centrale, fondée en 1579 – ainsi qu’au palais des grands-ducs de Lituanie. L’archi-cathédrale, l’ancien hôtel de ville et l’ensemble des palais de Verkiai représentent le plus pur du style classique lituanien.
Maintes et maintes fois assiégée par les chevaliers Teutoniques, la citadelle du Mont du Château, qui dominait la ville, est restée longtemps inexpugnable. Construite par le grand-duc Gediminas à la fin du XIIIe siècle, il ne reste d’elle que d’imposants remparts, quelques vestiges incertains d’une résidence princière et une monumentale tour défensive octogonale en briques rouges, qui offre un panorama imprenable sur les toits de tuiles et les façades colorées de la ville entourée du vert des forêts s’étalant à perte de vue. En contrebas, là ou s’élevait le Château du Bas, s’étend la place Gédymin (Gediminas), sorte de Champs-Élysées locaux. De l’ancien château détruit au XVIIIe, il ne subsiste qu’une magnifique tour blanche, vestige du clocher d’une cathédrale gothique. Elle jouxte la cathédrale Saint-Stanislas, construite au XIIe siècle, dont l’architecture évoque une étonnant temple grec.
Dans l’ancien quartier juif longtemps dominé par une immense synagogue de 3 000 m2, détruite par les nazis, ne reste que le souvenir de l’ancienne « Jérusalem du Nord ». Le musée national du Grand Gaon abrite une exposition sur la jadis très prospère communauté juive et sur l’Holocauste. Un monument rappelle le souvenir du consul japonais Shiguhari (1900 -1986), qui sauva des juifs de Vilnius durant l’occupation nazie.
Au sortir de la vieille ville, la lourdeur de l’héritage soviétique est partout présente, avec ses immmeubles- barres de béton gris sans style, d’une laideur à pleurer. À quelques exceptions près, si l’on aime le monumental typique du style stalinien des années 1950, comme le gigantesque immeuble qui se mire dans les eaux du Néris ou le Pont vert construit en 1952, orné de ses quatre colossales sculptures représentant de robustes et fiers prolétariens le regard tourné résolument vers les lendemains qui chantent rouge.
Jouxtant un parc public noyé dans la verdure, un petit immeuble bourgeois à la façade lépreuse abritait le siège du KGB, l’omniprésente police politique soviétique. Pour une poignée de litas, on peut visiter les sinistres cellules où étaient enfermés les opposants et les simples suspects, qui croupissaient là avant d’être expédiés dans un monde meilleur ou dans les bagnes sibériens.
Hors du temps.
Hors des limites de la ville, on replonge instantanément dans la campagne lituanienne d’autrefois. Un voyage hors du temps, comme à Kernavé, un village situé à 35 km à peine de Vilnius, au bord de la rivière Néris. Entouré d’un parc national naturel, Kernavé, classé au patrimoine de l’Unesco, fut le berceau de l’État lituanien et la première capitale de l’époque féodale. Des fouilles archéologiques ont révélé les strates de présence humaine ininterrompue depuis l’âge de pierre et jusqu’au XVe, avec les traces des « touristes » successifs qui fréquentèrent les lieux, des Huns d’Attila aux chevaliers Teutoniques, des grognards de Napoléon aux troupes d’Hitler et de Staline.
Non loin de là, sur un îlot posé au milieu d’un lac, surgit comme dans un conte de fée l’éblouissante forteresse médiévale de Trakaï. Cernée de forêts profondes et de lacs offrant un paysage d’une beauté à couper le souffle, cette citadelle de briques rouges flanquée de tours rondes fut le siège de la deuxième capitale de la Lituanie à la fin du Moyen Âge, sous le règne des grands-ducs Vytaudas et Gediminas. La visite de cette forteresse sobre et puissante est un enchantement lorsque l’on traverse le dédale des grandes salles aux voûtes gothiques abritant un passionnant musée retraçant l’histoire tourmentée du grand-duché de Lituanie.
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