Le Quotidien du pharmacien.- La Sécurité sociale espère réaliser d’importantes économies sur les tire-lait, qu’est-ce que cela vous inspire ?
Isabelle Geiler.- Nous sommes le seul pays européen qui rembourse la location des tire-lait. Si une grosse partie des économies que l’on souhaite réaliser sur les dispositifs médicaux (DM) concerne les tire-lait, cela s’explique selon moi par le trop grand nombre de patientes qui oublient de ramener leur tire-lait une fois qu’elles n’en ont plus besoin. Les contrats de location continuent donc de courir pour rien, ce qui est une gabegie financière. Or ce problème a très peu de chance d’arriver si le tire-lait a été obtenu en pharmacie, grâce au suivi que nous effectuons en tant que professionnels de santé.
Quels sont les autres atouts du pharmacien par rapport aux prestataires ?
Les prestataires louent des produits haut de gamme à leurs clients, on ne peut rien leur reprocher sur cet aspect-là. Mais une fois le produit livré, il n’y a plus de suivi, plus aucun conseil n’est délivré à la cliente. Or il est très important, par exemple, d’adapter la taille du tire-lait à celle du mamelon. Choisir un tire-lait inadapté n’est pas sans conséquence pour une femme qui allaite. Il est également important de montrer à l’utilisatrice comment fonctionne le produit. L’atout numéro 1 du pharmacien, c’est donc de pouvoir donner des conseils concrets, d’assurer un vrai suivi et de réorienter, si besoin, vers d’autres professionnels de santé.
Êtes-vous régulièrement sollicitée par des clientes pour des tire-lait ?
L’officine où j’exerce propose des produits pour l’allaitement depuis 9 ans et nous constatons que la demande progresse. En moyenne, je reçois chaque jour 1 ou 2 clientes qui viennent spécifiquement pour des conseils liés à l’allaitement. Il y a bien sûr les tire-lait, mais aussi d’autres produits comme les soutiens-gorge adaptés. Mon expérience personnelle m’a justement fait prendre conscience du manque de connaissances des pharmaciens au sujet de l’allaitement dans son ensemble. J’ai suivi une formation, le DIULHAM*, qui apporte un enseignement médical approfondi sur la lactation humaine et ses conséquences. Pour apporter des conseils pertinents et adaptés, il faut que les pharmacies soient mieux renseignées sur ce sujet.
*Diplôme Inter-universitaire lactation humaine et allaitement maternel.
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