Après six mois d’enquête menée par les gendarmes de l’Office central de lutte contre les atteintes à l’environnement et à la santé publique (OCLAESP), les forces de police ont interpellé, le 25 septembre, le patron d'un laboratoire pharmaceutique girondin, Polyneuros, son épouse et son directeur scientifique, un médecin radié de l'Ordre. Motif : trafic international de médicaments non autorisés.
L’affaire n’est peut-être pas si nouvelle, si l’on se replonge dans le passé du directeur scientifique et de sa radiation. Médecin, docteur ès sciences, chercheur, il est le fondateur de l’« endothérapie multivalente », thérapie visant à « traiter » les maladies neurodégénératives. Sans entrer dans les détails, ses patients étaient invités à faire réaliser des immunobilans débouchant sur des préconisations de traitement, donnant lieu à la réalisation de préparations magistrales dans une pharmacie italienne.
Dans un courrier à ses patients, il expliquait avoir été radié par l’Ordre des médecins de Gironde en mars 2015, suite à une demande d’information d’un patient. Décision confirmée par le conseil national de l’Ordre en décembre 2016, pour « soupçons de charlatanisme et compérage » avec une pharmacie de Milan. Radiation encore confirmée par le Conseil d’État en juillet 2017.
Les enquêteurs semblent aujourd’hui s’intéresser au même circuit : médecin, officine italienne ainsi qu’une association qui pourrait être l'Institut pour le développement de la recherche en pathologie humaine et thérapeutique (I.D.R.P.H.T) de Talence, en Gironde. Celle-ci assure la promotion et le financement des travaux du médecin radié sur les maladies chroniques auto immunes, neurodégénératives ou communes (infections).
Traitement expérimental
« C'était un traitement expérimental qu'il vendait comme étant efficace », résume une gendarme sur France 3. Selon les enquêteurs, plusieurs centaines de patients suivaient ce traitement, dont le coût mensuel s’élèverait à 400 €. Présentés le 27 septembre devant un juge du pôle santé publique du TGI de Paris, les interpellés auraient été mis en examen, entre autres, pour « exercice illégal de la pharmacie » et « exercice illégal de la médecine ».
Reste à préciser le rôle du laboratoire girondin Polyneuros et de son PDG, docteur en pharmacie, jusque-là honorablement connu ; en particulier pour son entreprise innovante Disposable Lab (matériel à usage unique pour produits injectables) créée en 2008 et cédée en 2017 à Amatsigroupe. Il a ensuite repris l’entreprise Gemacbio, devenue Polyneuros, start-up dont le site (en anglais) propose de « nouveaux médicaments » contre les maladies neurodégénératives… Elle est même depuis peu, adhérente du GIPSO (Cluster des industries de Santé de Nouvelle-Aquitaine).
Les investigations et perquisitions menées par les enquêteurs devraient éclairer le rôle de chacun des protagonistes qui, pour l’heure, bénéficient bien entendu, de la présomption d’innocence.
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