Avec six millions de Français concernés par un déficit auditif, la santé auditive est un véritable enjeu de santé public et sociétal. « La surdité est le déficit sensoriel le plus fréquent, et touche l'adulte dans la majorité des cas. L'adulte qui devient sourd souffre de la perte du lien social. Cet isolement conduit souvent à un syndrome dépressif, à une entrée précoce dans la dépendance et à un risque de déclin cognitif », indique la Pr Christine Petit. Cette spécialiste de génétique humaine et de neurosciences sensorielles mondialement reconnue est à la tête de l'institut, déjà surnommé IDA.
Les missions de l'IDA sont multiples. En premier lieu, l'IDA va permettre d'accroître les connaissances sur le codage et le traitement des sons, le fonctionnement global du système auditif et la plasticité des réseaux neuronaux de ce système. « Cette plasticité, capacité de l'activité des réseaux neuronaux à s'adapter à l'information sensorielle qui leur parvient, est la condition de toute thérapie de l'organe sensoriel auditif et de toute rééducation auditive », souligne la Pr Petit.
L'IDA se donne aussi pour objectifs de modéliser les atteintes auditives par le biais notamment de l'intelligence artificielle et de développer des outils diagnostiques multiparamétriques.
Intégré à l'IDA, le Centre de recherche et d’innovation en audiologie humaine (CERIAH) va développer des méthodes innovantes d'exploration de l'audition.
Diffusion des connaissances
Le développement de solutions thérapeutiques est aussi un axe essentiel de recherche. « Aujourd'hui, seules les prothèses, qui permettent de compenser les dysfonctionnements, existent », note la Pr Petit. À ce sujet, Édouard Philippe a affirmé que seules 35 % des personnes malentendantes bénéficient d'un appareillage, rappelant au passage que la réforme 100 % santé prévoit un reste à charge zéro dès 2021.
Plusieurs pistes thérapeutiques sont d'ores et déjà explorées, comme la thérapie génique pour les surdités héréditaires de l'enfant comme de l'adulte. La surdité est en effet lié à la fois à des facteurs génétiques et environnementaux. Une centaine de gènes liés à la capacité auditive ont été identifiés, et certaines formes sévères sont monogéniques.
« Diffuser les connaissances scientifiques et médicales acquises est aussi une de nos missions majeures », poursuit la Pr Petit, ajoutant par ailleurs que « les interactions de longue date avec les malentendants et leurs associations seront renforcées et gagneront en structuration d'objectifs communs avec l'IDA ».
L'IDA dispose d'une superficie de 4 000 m2, organisés en trois bâtiments, où se côtoieront dix équipes de recherche, soit 130 personnes.
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