VOILÀ une histoire qu’il faudrait raconter à tous les jeunes chercheurs. Une histoire qui prouve que l’échec dans le domaine de la recherche n’est pas toujours définitif… Nous sommes en 1993. Sur les paillasses du laboratoire japonais Ono Pharmaceutical Co, les scientifiques travaillent à la mise au point d’un nouveau principe actif. Destiné à la voie orale, le médicament en développement vise à limiter les accidents vasculaires thrombotiques. La recherche est prometteuse, les différentes phases d’élaboration se déroulent sans embûche jusqu’à… Jusqu’à ce que l’agent antithrombotique soit essayé sur l’homme. Car là, patatras ! Les effets secondaires observés sont majeurs. Le médicament porteur encore d’un nom de code provoque notamment chez les expérimentateurs d’importantes diarrhées. Les chercheurs jettent l’éponge. La molécule codée rejoint ainsi le cimetière des échecs thérapeutiques.
2011. D’autres chercheurs, du CHU d’Osaka, ont l’idée d’exhumer le principe actif oublié pour le soumettre à de nouveaux tests. En à peine quelques mois, ils montrent que le produit a un effet positif sur l’insuffisance cardiaque. Mais surtout, ils trouvent le moyen d’en limiter les effets indésirables en abandonnant la voie orale pour la voie transdermique. Un patch gélatineux de 3 cm de côté est mis au point et essayé sur des porcs atteints de cardiomyopathie ischémique. Le dispositif est placé (chirurgicalement) à même le cœur. Précisément sur le ventricule gauche. Résultat ? Le débit sanguin est augmenté et l’on observe même une régénération de cellules myocardiques. Des essais chez l’homme débuteront en juin. Détail d’importance, le patch se dissout totalement en 2 à 3 mois. Grâce aux travaux antérieurs déjà réalisés en 1993, le délai de commercialisation de ce pansement du cœur devrait être raccourci. Les voies de la recherche sont impénétrables.
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