UN ÉVÉNEMENT RARE est survenu la semaine passée à Rennes. Une femme enceinte de triplés a mis au monde l’un d’eux, tandis que la grossesse devrait se poursuivre pour les deux autres. Le bébé est né à 25 semaines d’aménorrhée.
« La technique utilisée est celle de l’accouchement différé au cours d’une grossesse multiple », explique le Pr René Gabriel (maternité Alix de Champagne, CHU de Reims). Elle est indiquée lorsqu’une femme se présente en travail à la maternité avant la 25e semaine d’aménorrhée. Avant ce terme le pronostic néonatal est considéré comme extrêmement péjoratif. « Il faut tenter de faire passer le cap de la viabilité à l’autre ou aux autres fœtus. » Les conditions d’instauration sont l’absence de pathologie infectieuse ou hémorragique qui mettrait la femme en danger. La parturiente doit être également en bon état général, l’accouchement doit être isolé.
« Gagner 1, 2… 4 semaines ».
Lorsque ces conditions sont réunies, l’obstétricien peut tenter un accouchement différé. « Tout en considérant le premier né comme perdu, en raison du risque de survie infime avant la 25e semaine » ajoute l’obstétricien. La parturiente reçoit un traitement tocolytique afin de bloquer les contractions, le cordon de ce premier né est sectionné au ras du col. « On se donne une heure ou deux. Si la manœuvre échoue, nous n’insistons pas, afin de ne pas mettre la mère en danger. Si le traitement se montre efficace, la patiente est hospitalisée, traitée par antibiotiques, en raison du risque infectieux, et tocolytiques. Nous attendons, l’objectif étant de gagner 1, 2… 4 semaines. »
Ce délai d’attente fait toute la différence dans le pronostic des deux ou trois enfants à naître. Alors que le taux de survie du premier né se situe au maximum à 10 %, celui du ou des autres avoisine les 70 à 80 %, grâce au temps de vie intra-utérine gagné.
« La technique existe depuis une vingtaine d’années, conclut le Pr Gabriel. Dans notre maternité nous y avons recours une fois tous les deux ans environ. L’accouchement différé n’est pas proposé aux femmes en travail dont la grossesse a dépassé les 26 semaines d’aménorrhée, puisque, dans ce cas, le risque maternel dépasse le seuil du raisonnable ».
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