LE QUOTIDIEN DU PHARMACIEN.- Votre dernière étude sur l’économie des officines, qui a été largement diffusée, montre une amélioration significative du taux de la marge commerciale des pharmacies par rapport à l’année précédente. Comment peut-on expliquer cette tendance ? Comment l’analysez-vous ?
PHILIPPE BECKER.- En réalité, c’est une tendance que l’on observe depuis 2008. Cette année-là, le taux de marge (remises incluses) par rapport au chiffre d’affaires hors taxes avait atteint un point bas, à 27,65 %. Mais depuis cette date, et en moyenne, les officines ont gagné environ 0,7 point, puisque, fin 2012, le taux est de 28,32 %. Cette évolution est générale et profite à toutes les typologies d’officine mais on note, comme l’année précédente, un resserrement entre les niveaux de marge des officines rurales et urbaines. L’emplacement n’est plus un facteur discriminant pour ce ratio. Concernant les raisons de ce retournement, il faut les chercher pour une large part dans les avantages liés aux médicaments génériques et surtout dans la formule de calcul de la marge sur ces produits, qui est égale aux médicaments princeps. Il y a là un effet purement technique qui profite plus particulièrement aux pharmacies qui ont une activité centrée sur les produits remboursables.
C’est donc plutôt une bonne nouvelle ?
CHRISTIAN NOUVEL.- Oui, si l’on considère uniquement la progression de la valeur relative de la marge. Mais il faut tempérer le propos car ce taux qui s’améliore s’applique à des chiffres d’affaires majoritairement en baisse en 2012. En valeur absolue, les pharmaciens font donc du « surplace », puisque la pharmacie moyenne de notre étude dégage une marge commerciale de 414 000 euros en 2012, contre 413 000 euros en 2011. L’amélioration est en « trompe l’œil » !
L’effet générique que vous évoquez dans votre étude statistique est, selon vous, la clé de voûte de l’économie des officines. Que se passerait-il si l’on remettait en cause les remises, et, surtout, les contrats de coopération commerciale ?
CHRISTIAN NOUVEL.- C’est la grande inquiétude du moment et cela se comprend parfaitement. Nous relevons que la coopération commerciale atteint un chiffre moyen de 34 000 euros sur notre échantillon d’officines. Cela représente entre 20 et 25 % du résultat, et aucune officine ne peut faire l’impasse sur cette ressource dans un contexte de décroissance de l’activité. C’est davantage qu’une bouffée d’oxygène : c’est tout simplement vital pour les pharmaciens qui sont en phase de remboursement de leur emprunt d’acquisition.
Pensez-vous que l’on peut changer les règles du jeu en permanence sans compromettre la santé financière des pharmacies ?
PHILIPPE BECKER.- La réponse est bien évidemment non. Aujourd’hui, personne ne comprendrait que des pratiques qui sont établies depuis de nombreuses années sans être aucunement critiquées et qui rémunèrent les efforts incontestables des pharmaciens sur la substitution soit remises en cause. Cette insécurité juridique crée un manque total de visibilité, qui est très anxiogène pour la profession.
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