LES ORGANISMES complémentaires, acheteurs de soins ? Si les complémentaires réclament depuis près de vingt ans un statut de payeur éclairé et de gestionnaire du régime de soins au premier euro, des évolutions récentes les incitent à prendre des positions plus radicales. C’est Claude Bougé, directeur général adjoint et directeur des affaires économiques et des relations institutionnelles du LEEM (Les entreprises du médicament), qui rappelle les changements induits par la réforme de l’assurance-maladie en 2004. Elle a d’abord permis la création, l’année suivante, de l’Union nationale des organismes d’assurance-maladie complémentaire (UNOCAM), et offre la possibilité aux trois familles de complémentaires – mutuelles, assurances et instituts de prévention – de parler d’une seule voix. De plus, la gestion au premier euro, bien que reportée à 2012, est actée et les complémentaires santé offrent une prise en charge de plus en plus élevée des affections longue durée (ALD). Elles sont devenues des acteurs incontournables du système de santé et annoncent aujourd’hui vouloir rembourser les médicaments en fonction de leur efficacité thérapeutique. C’est pourquoi Claude Bougé s’interroge : « L’acheteur peut-il être à la fois évaluateur (telle la Haute autorité de santé), référenceur et payeur d’un bien au service de la santé ? » En tout état de cause, face aux acteurs du régime complémentaire qui envisagent des négociations en direct avec les laboratoires pharmaceutiques, le LEEM répond présent « à différents partenariats qui pourraient être nécessaires. »
Court-circuitage ou complémentarité ?
Bien que liés depuis déjà 25 ans avec les complémentaires santé autour du dispositif du tiers payant, les pharmaciens veulent eux aussi renforcer leurs relations pour « faire face au recul de l’assurance-maladie ». Cela doit obligatoirement passer par « un acte pharmaceutique de qualité, répondant à un protocole dans un cadre conventionnel pour être reproductible dans toutes les pharmacies », explique François Martial, président de la commission protection sociale de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF). Un acte qui ne doit pas pour autant empiéter le domaine réservé du médecin.
« La question de ce qui doit reposer sur le régime obligatoire ou le régime complémentaire se pose parce qu’il y a des défis financiers, et on s’interroge sur la place que vont occuper les complémentaires, note Michel Chassang, président de la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF) et du Centre national des professions de santé (CNPS). Des expérimentations ici ou là visent à court-circuiter l’échelon médical, c’est ce qu’on appelle le transfert de compétence ou de tâches. Si Pierre pique à Paul et Paul à Jacques, le système ne fonctionnera mieux. Les financeurs veulent juste obtenir la même chose pour moins cher. Le but ne doit pas être de grappiller quelques euros les uns sur les autres. Travaillons ensemble, dans la complémentarité, pour éviter une perte de chance au patient tout en permettant des économies. »
Jouer en équipe.
François Martial résume le sentiment général : « Il n’est pas question de transformer le pharmacien en petit médecin. Il y a déjà beaucoup à faire en tant que spécialiste du médicament pour le réseau des croix verte, et non pour des sous-réseaux qui amèneraient le danger de la sélection d’un professionnel par rapport à un autre ». Ce que Lucien Bennatan, président du groupe PHR appelle « jouer en équipe » : « Nous devons défendre le cadre de l’exercice pharmaceutique et proposer un certain nombre de services qui peuvent être pris en charge par les complémentaires. »
La difficulté reste la mosaïque des complémentaires santé, malgré l’existence de l’UNOCAM depuis 2005. Alain Rouché, directeur santé de la Fédération française des sociétés d’assurance (FFSA), remarque ainsi qu’« un seul interlocuteur n’engagera jamais l’ensemble des assurances complémentaires, car ce sont des sociétés qui portent un risque et doivent s’assurer de leur équilibre ». En effet, les complémentaires santé coûtent cher, ce qui est de plus en plus difficile à faire accepter aux cotisants. « Il n’y a pas de miracle : on solvabilise dans la limite de ce que les assurés cotisent. »
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