ÉVIDEMMENT, je n'ai pas de chance (je plaisante), j'ai toujours vécu sur le pourtour de la Méditerranée. Var, Hérault, Vaucluse, Alpes Maritimes, on entend déjà les cigales qui stridulent, on sent la bonne odeur de ciste et de lavande, on voit l'ombre du parasol sur la plage, on touche l'eau fraîche de la baignade, on glisse dans la sieste de l'après midi, on goûte la tranche de pastèque… Ou bien on part travailler comme d'habitude, on surmonte les embouteillages quotidiens, on enfile sa blouse blanche familière, et on passe une journée ordinaire dans l'atmosphère plus ou moins climatisée d'une pharmacie.
Chez nous, c'est plutôt « moins » climatisé, voire même pas du tout, en ce qui concerne mon laboratoire. Pour être tout à fait sincère, il se trouve que le petit radiateur électrique, qui est à fond tout l'hiver et qui tente de maintenir une température décente, n'est pas efficace non plus. Bon d'accord, il ne fait pas des froids de banquise par ici, mais quand même, on aime son petit confort. Par contre, en ce moment, il fait des chaleurs de tropique, c'est lourd et moite, et un peu pénible à supporter. On enlève parfois la blouse, mais certaines préparations nécessitent le sarrau, la double paire de gants, la charlotte, le masque, les lunettes de protection, on étouffe là dessous.
La semaine dernière on avait une réunion d'information sur deux nouveaux médicaments, un antifongique et un antibiotique réservés à la prescription hospitalière. La première présentation a duré une bonne heure, dans une salle dont la porte (donnant sur un couloir très fréquenté) et la fenêtre (donnant sur l'entreprise voisine, avec va-et-vient continu de gros camions) avaient été fermées pour un meilleur confort auditif.
C'est sûr, on a bien entendu quelles étaient les indications, les précautions à prendre, et les mesures mises en place dans le cadre du plan de gestion de risque. Mais, à la fin, quand on nous a offert des rafraîchissements, tout le monde s'est jeté sur les minicups de glace d'une célèbre marque américaine, aux noms exotiques : vanilla caramel brownie, macadamia nut brittle, cookies & cream, dulce de leche… Même moi, qui suis devenue insupportablement orthorexique aux yeux de mes collègues, j'ai savouré la délicieuse crème glacée à la vanille, avec des petits morceaux fondants de brownie au chocolat, et de la sauce au caramel.
Quant à la deuxième présentation, la salle de réunion prenant l'allure d'un hammam, les manches se retroussaient encore plus, la concentration devenait difficile, la température continuait à monter, il n'y avait plus de petits pots de glace, mais on a loyalement tenu jusqu'à la fin, questions et réponses comprises !
Et même s'il fait trop chaud pour l'instant, les vacances arrivent. À moi les bigorneaux, le petit bar de ligne, la niniche de Quiberon au beurre salé, la galette de blé noir, le Kouign Amman.
Et… on se retrouve en septembre, d'accord ?
LOUISE JUILLÉ, DOCTEUR EN PHARMACIE
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